La chanson de Craonne - Marc Ogeret
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La chanson de Craonne - Marc Ogeret
La chanson de Craonne Paroles et musique : Anonyme Interprète : Marc Ogeret Contre-propos d'une histoire convenue de la Première Guerre Mondiale Ce que nous connaissons de l’histoire, c’est bien davantage de l’histoire convenue, admise comme vérité, que de l’histoire réelle. Il faut du temps, beaucoup de temps, pour que les historiens puissent faire apparaître que l’histoire convenue est chargée de caricatures, de mythes, de légendes qui sont le fonds des discours patriotiques ou nationalistes. Ainsi plus de cent ans après la Première Guerre mondiale, on ne s’est toujours pas débarrassé d’un tas de convenances, d’arrangements avec l’histoire réelle de cette guerre. Il y a toujours beaucoup de gens de France pour penser que cette guerre était une guerre pour la liberté, une guerre nécessaire et victorieuse contre un pays voisin agresseur et ses alliés. Il y a toujours des gens pour penser que tous les soldats de 1914-1918 étaient prêts à tous les sacrifices pour leur pays, pour la patrie et que ceux qui ne l’étaient pas étaient médiocres patriotes ou lâches, et qu’il y avait des raisons justifiées pour qu’ils soient condamnés à mort ou frappés d’indignité nationale. Ainsi la chanson de Craonne peut être considérée comme un contre-propos d’une histoire convenue de la Première Guerre Mondiale qui reste loin de l’histoire réelle. Il était beaucoup de soldats qui ne voulaient pas jouer les héros, qui détestaient au plus haut point ce qu’on leur faisait endurer et faire mais cette réalité là, les autorités civiles et militaires de l’époque ont jugé cela lâche et indigne, et ont tout fait pour qu’on ignore et méprise ceux là qui étaient lucides des fauteurs et profiteurs de guerre. "La chanson de Craonne" fut chantée par les soldats qui se sont mutinés après l'offensive très meurtrière et militairement désastreuse du général Nivelle au Chemin des Dames. Ces révoltes furent sévèrement réprimées, notamment par le général Pétain, nommé en mai 1917 pour remplacer le général Nivelle. Cette chanson anonyme a sûrement plusieurs auteurs. Elle a continuellement évolué au cours de la guerre en fonction des lieux principaux de combat. Elle apparaît sous le nom de La Chanson de Lorette évoquant la bataille de Lorette à Ablain-Saint-Nazaire se déroulant entre octobre 1914 et octobre 1915. Ensuite, la chanson est transformée pour évoquer le plateau de Champagne au cours de l'automne 1915. En 1916, elle devient une chanson sur Verdun.La chanson de Craonne est une dénonciation de la connerie, de l’absurdité que fut la Première Guerre Mondiale. Quelle erreur tragique de ne pas l’avoir entendue en son temps ! On ne peut qu’espérer qu’on puisse l’entendre aujourd’hui, et rétablir quelques vérités historiques et humaines ... Quand au bout d'huit jours le r'pos terminé On va reprendre les tranchées, Notre place est si utile Que sans nous on prend la pile Mais c'est bien fini, on en a assez Personne ne veut plus marcher Et le cœur bien gros, comm' dans un sanglot On dit adieu aux civ'lots Même sans tambours, même sans trompettes On s'en va là-haut en baissant la tête - Refrain : Adieu la vie, adieu l'amour, Adieu toutes les femmes C'est bien fini, c'est pour toujours De cette guerre infâme C'est à Craonne sur le plateau Qu'on doit laisser sa peau Car nous sommes tous condamnés Nous sommes les sacrifiés Huit jours de tranchée, huit jours de souffrance Pourtant on a l'espérance Que ce soir viendra la r'lève Que nous attendons sans trêve Soudain dans la nuit et le silence On voit quelqu'un qui s'avance C'est un officier de chasseurs à pied Qui vient pour nous remplacer Doucement dans l'ombre sous la pluie qui tombe Les petits chasseurs vont chercher leurs tombes - Refrain - C'est malheureux d'voir sur les grands boulevards Tous ces gros qui font la foire Si pour eux la vie est rose Pour nous c'est pas la même chose Au lieu d'se cacher tous ces embusqués Feraient mieux d'monter aux tranchées Pour défendre leur bien, car nous n'avons rien Nous autres les pauv' purotins Tous les camarades sont enterrés là Pour défendre les biens de ces messieurs là - Refrain - Ceux qu'ont le pognon, ceux-là reviendront Car c'est pour eux qu'on crève Mais c'est bien fini, car les trouffions Vont tous se mettre en grève Ce s'ra vot' tour messieurs les gros D'monter sur le plateau Car si vous voulez faire la guerre Payez-la de votre peau LEXIQUE * On prend la pile : on subit une défaite écrasante, désastreuse * Civelots : civils pour un militaire * Purotins : besogneux, misérable, miteux, nécessiteux |
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La poésie, c'est les paroles éparses du réel (Octavio Paz)
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