Gil Def Sam 25 Mar - 18:44
PLAIDOYER DES GRANDES CAUSES
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Contre toute régression du traitement de misère Gil DEF - N° 782 / 29.12.2012
Le vrai secours aux misérables, c’est l’abolition de la misère Victor Hugo (1802-1885)
Mais que me dites-vous des misérables de la rue A quoi sert d’en parler pour tant les décrire à distance Avec un ton bien attristé pour calmer la conscience Ne jugez rien à leur place s’ils vous sont inconnus
Que diriez-vous si on ne vous accordait plus de nom Cette prime attention qui déclare votre existence Que seriez-vous alors à subir telle inconséquence L’être sans consistance, régression puis dérision
Qui va donc décider ce qu’est le peuple de la misère Sans le connaître et ainsi masse informe parjurée Ce tout en moins d’humanité par code de société Mais qui porte l’indignité ? Ma question est colère
Chaque être de la rue a ce besoin d’être reconnu Pour ce qu’il est et non comme de la triste clientèle Pour les hypocrisies de la pitié consensuelle Et de l’absolution de tout au printemps revenu
Assez du grand fatalisme pour plier tout soupçon De charité en déficit ou d’absence cruelle Pour repousser encore et de façon perpétuelle Tout espoir en cour des miracles et des illusions
Assez du misérabilisme, des litanies amères De chaque hiver, feu l’esprit des actes réfléchis Je me dégage tout entier de toute démagogie De ces réquisitions de compassion et de prière
Assez de ces chiffres pour tant de misère accrue Pour crier l’urgence comme dans une autre époque Comme on ressort les ostensoirs des drames baroques L’état civil des anonymes et les guichets des exclus
Assez de l’abus des gens généreux quand les affronts De ces religieux intégristes de la richesse qui stocke Ses valeurs de vanité augmentée par l’art du médiocre Par l’outrance, l’indécence, l’escroquerie sans nom
Assez des pouvoirs verticaux qui en aucune manière Ne veulent changer leurs procédés de gouverner Tout ça pour déglinguer les premiers droits en humanité Pour donner de l’insulte à ces esprits lanceurs de pierre
Assez de réclame pour ce qui ne change et continue D’envoyer des gens dans la rue sans rapport au mérite Et même à la malchance que l’on accuse bien vite Comme c’est ne rien comprendre vraiment de leur vécu
Mais que me dites-vous de ce problème sans solutions Alors que ça crève les yeux ce qui fait la méprise D’une société d’iniquité et de l’inlassable bêtise Du monde du luxe sans complexe, quelle prétention !
Mais que me dites-vous qui ne serait pas ordinaire Des plaideurs crient aux voleurs, mais jugez la diversion Qui a donc le butin de la nommée confiscation Qui fuit et qui reste, quel côté faut-il qu’on préfère ?
Les cadors des fortunes ne sont que la raison corrompue Dans des rôles pathétiques, fardés, grise mine De toute idée solidaire que jamais ils n’imaginent Avec l’aisance de leur cynisme travesti au-dessus
Rien de rien ne viendra de ces gens là sans question Pour les choses humaines, et vis-à-vis du sens même Il faut se dégager de leur addiction aux faux problèmes De leur obsession d’un blanc seing à leurs viles possessions
Ne traitons que de vraies affaires et du temps sévère Pour tous ces gens de notre sensible proximité De plus en plus de misère traitée par charité L’admettre c’est faire repartir notre monde en arrière
Je voudrais d’autre logique de misère combattue Le choix radical de l’action pour son abolition Assez des discours de traîne où meurt l’ambition Assez de trêve hypocrite pour croire tout résolu
Mais que me dites-vous du grand déficit pour la nation Raison du tout en moins et de tous ces blasphèmes Aux droits légitimes de vie réelle, digne et saine Assez de ce tort aux franchises gravées sur nos fronts
Contre toute mauvaise logique, que faut-il faire ? L’évidence ne fait-elle pas le devoir de réfléchir Avec la ferme résolution des efficacités pour agir Traiter des causes de misères n’est-elle pas première ?
Ne parlez pas de morale sauvée ou soutenue Au bout de misère secourue, pensez à l’origine Le non-sens d’un tas de contrats quand on les examine Lucide et franc, hors de céder à leur déconvenue
Mais que me dites-vous l’urgence, force d’exception Les années passent en restrictions en ce rien qui ne change Du mal en pis, la société se fait des fables qui l’arrangent Du temps de rêve pour penser que chacun est bien bon
Pour l’année deux mille treize, et parmi vos vœux sincères Y mettrez-vous celui d’aucun calendrier avec des dates Pour des urgences par cause de misère scélérate Y mettrez-vous le vœu de fin de telle société guerrière
Y mettrez-vous le vœu d’aucun misérable dans la rue A commencer par rendre à tout être nom et parole Du sens à vivre, partout, au-dessus de toute épaule J’espère ce secours pour demain : la misère vaincue
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La poésie, c'est les paroles éparses du réel (Octavio Paz)