L'ode
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TYPES DE POEMES - L'ODE - |
REMARQUE PREALABLE La constitution de schémas poétiques fixes concerne surtout l'époque médiévale et la Renaissance, et n'a plus cours depuis près d'un siècle. La période romantique n'a introduit qu'une seule forme nouvelle. HISTORIQUE L'ode est empruntée aux Grecs. C'était à l'origine un chant, un poème lyrique accompagné à la lyre. C'est Ronsard qui, au XVIe siècle, l'introduit dans la poésie française. Il en compose d'abord sous forme de triades comporte une strophe, une antistrophe semblables, et une épode plus courte. Mais très vite, l'ode abandonne cette forme pour des poèmes plus courts. DEFINITION L'ode se définit plus par la tonalité lyrique et élogieuse que par un genre strophique et métrique spécifique. LES DIVERSES FORMES DE L'ODE - L'Ode pindarique est imitée de Pindare (518-438 av. J.-C). C'est l'ode telle qu'elle apparaît dans le «premier livre des Odes», chez Ronsard. Elle présente une structure tripartite susceptible d'être répétée: une strophe et une anti-strophe, d'un nombre égal de vers, qui se font contrepoids, et une épode généralement plus courte, au caractère conclusif. Le mètre utilisé est court, c'est souvent l'heptasyllabe. - L'Ode strophique est adoptée par Ronsard et les poètes de la Pléiade sous des formes strophiques variées. Le rythme initial de l'Ode, celui qui doit servir de patron à toutes les strophes de la même pièce de vers, est entièrement libre. - L'Ode classique vise à donner l'impression de la grandeur morale ou de la grâce majestueuse. Elle est divisée en strophes régulières, formées de vers longs (dodésyllabes ou décasyllabes), soit isométriques, dans le genre le plus sérieux, soit hétérométriques dans le genre épique ou lyrique. La strophe de l'Ode est dans ce cas le dizain isométrique classique. C'est lui qui triomphe dans les «Odes héroïques» de Malherbe. Le schéma des rimes peut-être envisagé de deux manières: (abab//ccd/eed) ou (abab//cc//deed) - L'Ode romantique répond surtout au goût de la variété et de la métamorphose. Les strophes sont hétérométriques avec des écourtements périodiques du vers au sein de la strophe. On la trouve chez Victor Hugo qui renouvelle le genre en faisant alterner fréquemment deux et même trois types de strophe. - L'Ode symboliste est un poème lyrique composé de versets courts réglés sur le souffle. Claudel nous en donne le modèle dans ces «Cinq Grandes Odes». Exemple ODE PREMIERE : LE POETE DANS LES REVOLUTIONS Le vent chasse loin des campagnes Le gland tombé des rameaux verts ; Chêne, il le bat sur les montagnes ; Esquif, il le bat sur les mers. Jeune homme, ainsi le sort nous presse. Ne joins pas, dans ta folle ivresse, Les maux du monde à tes malheurs ; Gardons, coupables et victimes, Nos remords pour nos propres crimes, Nos pleurs pour nos propres douleurs ! " Quoi ! mes chants sont-ils téméraires ? Faut-il donc, en ces jours d'effroi, Rester sourd aux cris de ses frères ! Ne souffrir jamais que pour soi ? Non, le poète sur la terre Console, exilé volontaire, Les tristes humains dans leurs fers ; Parmi les peuples en délire, Il s'élance, armé de sa lyre, Comme Orphée au sein des enfers ! " Orphée aux peines éternelles Vint un moment ravir les morts ; Toi, sur les têtes criminelles, Tu chantes l'hymne du remords. Insensé ! quel orgueil t'entraîne ? De quel droit viens-tu dans l'arène Juger sans avoir combattu ? Censeur échappé de l'enfance, Laisse vieillir ton innocence, Avant de croire à ta vertu ! " Quand le crime, Python perfide, Brave, impuni, le frein des lois, La Muse devient l'Euménide, Apollon saisit son carquois ! Je cède au Dieu qui me rassure ; J'ignore à ma vie encor pure Quels maux le sort veut attacher ; Je suis sans orgueil mon étoile ; L'orage déchire la voile : La voile sauve le nocher. " Les hommes vont aux précipices ! Tes chants ne les sauveront pas. Avec eux, loin des cieux propices, Pourquoi donc égarer tes pas ? Peux-tu, dès tes jeunes années, Sans briser d'autres destinées, Rompre la chaîne de tes jours ? Epargne ta vie éphémère ; Jeune homme, n'as-tu pas de mère ? Poète, n'as-tu pas d'amours ? " Eh bien ! à mes terrestres flammes, Si je meurs, les cieux vont s'ouvrir. L'amour chaste agrandit les âmes, Et qui sait aimer sait mourir. Le Poète, en des temps de crime, Fidèle aux justes qu'on opprime, Célèbre, imite les héros ; Il a, jaloux de leur martyre, Pour les victimes une lyre, Une tête pour les bourreaux ! " On dit que jadis le Poète, Chantant des jours encor lointains, Savait à la terre inquiète Révéler ses futurs destins. Mais toi, que peux-tu pour le monde ? Tu partages sa nuit profonde ; Le ciel se voile et veut punir ; Les lyres n'ont plus de prophète, Et la Muse, aveugle et muette, Ne sait plus rien de l'avenir ! " Le mortel qu'un Dieu même anime Marche à l'avenir, plein d'ardeur ; C'est en s'élançant dans l'abîme Qu'il en sonde la profondeur. Il se prépare au sacrifice ; Il sait que le bonheur du vice Par l'innocent est expié ; Prophète à son jour mortuaire, La prison est son sanctuaire, Et l'échafaud est son trépied ! Que n'es-tu né sur les rivages Des Abbas et des Cosroës, Aux rayons d'un ciel sans nuages, Parmi le myrte et l'aloès ! Là, sourd aux maux que tu déplores, Le poète voit ses aurores Se lever sans trouble et sans pleurs ; Et la colonne, chère aux sages, Porte aux vierges ses doux messages Où l'amour parle avec des fleurs ! " Qu'un autre au céleste martyre Préfère un repos sans honneur ! La gloire est le but où j'aspire ; On n'y va point par le bonheur. L'alcyon, quand l'Océan gronde, Craint que les vents ne troublent l'onde Où se berce son doux sommeil ; Mais pour l'aiglon, fils des orages, Ce n'est qu'à travers les nuages Qu'il prend son vol vers le soleil ! Victor Hugo - Odes et ballades - |
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La poésie, c'est les paroles éparses du réel (Octavio Paz)
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