Gil Def Mer 2 Avr - 15:36
AINSI VA LA VIE LES BONHEURS SIMPLES
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Bienheureux est celuy "Les Soupirs" - 1557 Olivier de Magny
Bienheureux est celuy, qui loing de la cité Vit librement aux champs dans son propre heritage, Et qui conduyt en paix le train de son mesnage, Sans rechercher plus loing autre felicité. Il ne sçait que veult dire avoir necessité, Et n'a point d'autre soing que de son labourage, Et si sa maison n'est pleine de grand ouvrage, Aussi n'est-il grevé de grand' adversité. Ores il ante un arbre, et ores il marye Les vignes aux ormeaux, et ore en la prairie Il desbonde un ruisseau pour l'herbe en arouzer : Puis au soir il retourne, et souppe à la chandelle Avecques ses enfans et sa femme fidelle, Puis se chaufe ou devise et s'en va reposer.
LEXIQUE
*ante ou ente : de anter ou enter : greffer *débonde : de débonder > vider (un ruisseau), faire écouler l'eau (pour irriguer).
REMARQUE
Le passage de l'orthographe ancienne à une orthographe modernisée pose plusieurs problèmes. Parfois, le mot a totalement a disparu et n'est plus utilisé. Il pose surtout des problèmes pour la métrique des vers. C'est le cas ici pour "ores" ou "ore" qui comptent dans le poème original deux syllabes, deux pieds et compte dans leur traduction modernisée "or " une seule syllabe, un seul pied. C'est le cas aussi pour "avecques" (3 syllabes) qui correspond à "avec" (2 pieds). Parfois, cela peut altérer les rimes. Ici, "chandelle" et "fidelle" sont à l'origine des rimes sonores et visuelles. En orthographe modernisée, l'altération est mineure même si à une époque la rime sonore et visuelle correspondait à une exigence.
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Dernière édition par Gil Def le Dim 7 Sep - 8:49, édité 4 fois
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La poésie, c'est les paroles éparses du réel (Octavio Paz)