Le coeur de Hialmar - Charles-Marie Leconte De Lisle
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Le coeur de Hialmar - Charles-Marie Leconte De Lisle
MYTHES |
Le coeur de Hialmar "Poèmes barbares" - 1962 Charles Marie Leconte de Lisle Récitant : Denis Podalydès Une nuit claire, un vent glacé. La neige est rouge. Mille braves sont là qui dorment sans tombeaux, L'épée au poing, les yeux hagards. Pas un ne bouge. Au-dessus tourne et crie un vol de noirs corbeaux. La lune froide verse au loin sa pâle flamme. Hialmar se soulève entre les morts sanglants, Appuyé des deux mains au tronçon de sa lame. La pourpre du combat ruisselle de ses flancs. - Holà ! Quelqu'un a-t-il encore un peu d'haleine, Parmi tant de joyeux et robustes garçons Qui, ce matin, riaient et chantaient à voix pleine Comme des merles dans l'épaisseur des buissons ? Tous sont muets. Mon casque est rompu, mon armure Est trouée, et la hache a fait sauter ses clous. Mes yeux saignent. J'entends un immense murmure Pareil aux hurlements de la mer ou des loups. Viens par ici, Corbeau, mon brave mangeur d'hommes ! Ouvre-moi la poitrine avec ton bec de fer. Tu nous retrouveras demain tels que nous sommes. Porte mon coeur tout chaud à la fille d'Ylmer. Dans Upsal, où les Jarls boivent la bonne bière, Et chantent, en heurtant les cruches d'or, en choeur, À tire d'aile vole, ô rôdeur de bruyère ! Cherche ma fiancée et porte-lui mon coeur. Au sommet de la tour que hantent les corneilles Tu la verras debout, blanche, aux longs cheveux noirs. Deux anneaux d'argent fin lui pendent aux oreilles, Et ses yeux sont plus clairs que l'astre des beaux soirs. Va, sombre messager, dis-lui bien que je l'aime, Et que voici mon coeur. Elle reconnaîtra Qu'il est rouge et solide et non tremblant et blême Et la fille d'Ylmer, Corbeau, te sourira ! Moi, je meurs. Mon esprit coule par vingt blessures. J'ai fait mon temps. Buvez, ô loups, mon sang vermeil. Jeune, brave, riant, libre et sans flétrissures, Je vais m'asseoir parmi les Dieux, dans le soleil ! Autres textes du même auteur A George Sand A un poète mort A Victor Hugo Aux Modernes Aux morts Effet de lune L'albatros L'incantation du loup La chasse de l'aigle La forêt vierge La panthère noire Le désert Le jaguar Le Nazaréen Le sacre de Paris Le soir d'une bataille Le Sommeil du vautour Les éléphants Les roses d'Ispahan Les taureaux Un coucher de soleil |
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La poésie, c'est les paroles éparses du réel (Octavio Paz)
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