COUPS DE COEUR POETIQUES
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
Le Deal du moment :
Console PS5 Digital édition limitée ...
Voir le deal

Le coeur de Hialmar - Charles-Marie Leconte De Lisle

Aller en bas

Le coeur de Hialmar - Charles-Marie Leconte De Lisle Empty Le coeur de Hialmar - Charles-Marie Leconte De Lisle

Message  Gil Def Mar 20 Déc - 15:24

Le coeur de Hialmar - Charles-Marie Leconte De Lisle 989837  Le coeur de Hialmar - Charles-Marie Leconte De Lisle 989837  Le coeur de Hialmar - Charles-Marie Leconte De Lisle 989837


MYTHES

Le coeur de Hialmar - Charles-Marie Leconte De Lisle 0_somm87





Le coeur de Hialmar
"Poèmes barbares" - 1962
Charles Marie Leconte de Lisle
Récitant : Denis Podalydès





Une nuit claire, un vent glacé. La neige est rouge.
Mille braves sont là qui dorment sans tombeaux,
L'épée au poing, les yeux hagards. Pas un ne bouge.
Au-dessus tourne et crie un vol de noirs corbeaux.

La lune froide verse au loin sa pâle flamme.
Hialmar se soulève entre les morts sanglants,
Appuyé des deux mains au tronçon de sa lame.
La pourpre du combat ruisselle de ses flancs.

- Holà ! Quelqu'un a-t-il encore un peu d'haleine,
Parmi tant de joyeux et robustes garçons
Qui, ce matin, riaient et chantaient à voix pleine
Comme des merles dans l'épaisseur des buissons ?

Tous sont muets. Mon casque est rompu, mon armure
Est trouée, et la hache a fait sauter ses clous.
Mes yeux saignent. J'entends un immense murmure
Pareil aux hurlements de la mer ou des loups.

Viens par ici, Corbeau, mon brave mangeur d'hommes !
Ouvre-moi la poitrine avec ton bec de fer.
Tu nous retrouveras demain tels que nous sommes.
Porte mon coeur tout chaud à la fille d'Ylmer.

Dans Upsal, où les Jarls boivent la bonne bière,
Et chantent, en heurtant les cruches d'or, en choeur,
À tire d'aile vole, ô rôdeur de bruyère !
Cherche ma fiancée et porte-lui mon coeur.

Au sommet de la tour que hantent les corneilles
Tu la verras debout, blanche, aux longs cheveux noirs.
Deux anneaux d'argent fin lui pendent aux oreilles,
Et ses yeux sont plus clairs que l'astre des beaux soirs.

Va, sombre messager, dis-lui bien que je l'aime,
Et que voici mon coeur. Elle reconnaîtra
Qu'il est rouge et solide et non tremblant et blême
Et la fille d'Ylmer, Corbeau, te sourira !

Moi, je meurs. Mon esprit coule par vingt blessures.
J'ai fait mon temps. Buvez, ô loups, mon sang vermeil.
Jeune, brave, riant, libre et sans flétrissures,
Je vais m'asseoir parmi les Dieux, dans le soleil !





Autres textes du même auteur

A George Sand
A un poète mort
A Victor Hugo
Aux Modernes
Aux morts
Effet de lune
L'albatros
L'incantation du loup
La chasse de l'aigle
La forêt vierge
La panthère noire
Le désert
Le jaguar
Le Nazaréen
Le sacre de Paris
Le soir d'une bataille
Le Sommeil du vautour
Les éléphants
Les roses d'Ispahan
Les taureaux
Un coucher de soleil






_________________
La poésie, c'est les paroles éparses du réel (Octavio Paz)
Gil Def
Gil Def
Admin

Masculin
Nombre de messages : 6699
Age : 75
Localisation : Nord de la France
Date d'inscription : 16/11/2007

Revenir en haut Aller en bas

Revenir en haut


 
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum