Automne - Albert Samain
COUPS DE COEUR POETIQUES :: POEMES EN EXPOSITION SUR UN THEME :: LA NATURE : LES PHENOMENES NATURELS
Page 1 sur 1
Automne - Albert Samain
L'HOMME ET LA NATURE AU FIL DES SAISONS |
Automne "Le Chariot d'or" - 1901 Albert Samain Le vent tourbillonnant, qui rabat les volets, Là-bas tord la forêt comme une chevelure. Des troncs entrechoqués monte un puissant murmure Pareil au bruit des mers, rouleuses de galets. L'Automne qui descend les collines voilées Fait, sous ses pas profonds, tressaillir notre coeur ; Et voici que s'afflige avec plus de ferveur Le tendre désespoir des roses envolées. Le vol des guêpes d'or qui vibrait sans repos S'est tu ; le pêne grince à la grille rouillée ; La tonnelle grelotte et la terre est mouillée, Et le linge blanc claque, éperdu, dans l'enclos. Le jardin nu sourit comme une face aimée Qui vous dit longuement adieu, quand la mort vient ; Seul, le son d'une enclume ou l'aboiement d'un chien Monte, mélancolique, à la vitre fermée. Suscitant des pensers d'immortelle et de buis, La cloche sonne, grave, au coeur de la paroisse ; Et la lumière, avec un long frisson d'angoisse, Ecoute au fond du ciel venir des longues nuits... Les longues nuits demain remplaceront, lugubres, Les limpides matins, les matins frais et fous, Pleins de papillons blancs chavirant dans les choux Et de voix sonnant clair dans les brises salubres. Qu'importe, la maison, sans se plaindre de toi, T'accueille avec son lierre et ses nids d'hirondelle, Et, fêtant le retour du prodigue près d'elle, Fait sortir la fumée à longs flots bleus du toit. Lorsque la vie éclate et ruisselle et flamboie, Ivre du vin trop fort de la terre, et laissant Pendre ses cheveux lourds sur la coupe du sang, L'âme impure est pareille à la fille de joie. Mais les corbeaux au ciel s'assemblent par milliers, Et déjà, reniant sa folie orageuse, L'âme pousse un soupir joyeux de voyageuse Qui retrouve, en rentrant, ses meubles familiers. L'étendard de l'été pend noirci sur sa hampe. Remonte dans ta chambre, accroche ton manteau ; Et que ton rêve, ainsi qu'une rose dans l'eau, S'entr'ouvre au doux soleil intime de la lampe. Dans l'horloge pensive, au timbre avertisseur, Mystérieusement bat le coeur du Silence. La Solitude au seuil étend sa vigilance, Et baise, en se penchant, ton front comme une soeur. C'est le refuge élu, c'est la bonne demeure, La cellule aux murs chauds, l'âtre au subtil loisir, Où s'élabore, ainsi qu'un très rare élixir, L'essence fine de la vie intérieure. Là, tu peux déposer le masque et les fardeaux, Loin de la foule et libre, enfin, des simagrées, Afin que le parfum des choses préférées Flotte, seul, pour ton coeur dans les plis des rideaux. C'est la bonne saison, entre toutes féconde, D'adorer tes vrais dieux, sans honte, à ta façon, Et de descendre en toi jusqu'au divin frisson De te découvrir jeune et vierge comme un monde ! Tout est calme ; le vent pleure au fond du couloir ; Ton esprit a rompu ses chaînes imbéciles, Et, nu, penché sur l'eau des heures immobiles, Se mire au pur cristal de son propre miroir : Et, près du feu qui meurt, ce sont des Grâces nues, Des départs de vaisseaux haut voilés dans l'air vif, L'âpre suc d'un baiser sensuel et pensif, Et des soleils couchants sur des eaux inconnues... Magny-les-Hameaux, octobre 1894. Autres textes du même auteur A Marceline Desbordes Valmore Blotti comme un oiseau Chanson d'été Comme une grande fleur Dans le parc aux lointains voilés de brume Devant la mer, un soir En printemps Forêts - Hérode Hiver Il est d'étranges soirs Ilda J'aime l'aube aux pieds nus qui se coiffe de thym Je rêve de vers doux Je t'aime, loin de toi Keepsake La bulle La grenouille Le berceau Le Bonheur Le boucher Le cortège d'Amphitrite Le fleuve Le laboureur Le marché Le repas préparé Le Sphinx Lentement, doucement, de peur qu'elle se brise Matin sur le port Mon enfance captive Musique Nocturne provincial Printemps Promenade à l'étang Quand je suis à tes pieds Retraite Une heure sonne au loin Versailles Watteau |
Dernière édition par Gil Def le Ven 25 Juin - 12:29, édité 16 fois
_________________
La poésie, c'est les paroles éparses du réel (Octavio Paz)
Gil Def- Admin
-
Nombre de messages : 6699
Age : 75
Localisation : Nord de la France
Date d'inscription : 16/11/2007
COUPS DE COEUR POETIQUES :: POEMES EN EXPOSITION SUR UN THEME :: LA NATURE : LES PHENOMENES NATURELS
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
|
|