Vénus - Emile Verhaeren
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Vénus - Emile Verhaeren
LA MORT ET LE DEUIL |
Vénus "Les Forces tumultueuses" - 1902 Emile Verhaeren Vénus, La joie est morte au jardin de ton corps Et les grands lys des bras et les glaïeuls des lèvres Et les grappes de gloire et d’or, Sur l’espalier mouvant que fut ton corps, ont morts. Les cormorans des temps d’octobre ont laissé choir Plume à plume, leur deuil, au jardin de tes charmes ; Mélancoliques, les soirs Ont laissé choir Leur deuil, sur tes flambeaux et sur tes armes. Hélas ! Tant d’échos morts et mortes tant de voix ! Au loin, là-bas, sur l’horizon de cendre rouge, Un Christ élève au ciel ses bras en croix : Miserere par les grands soirs et les grands bois ! Vénus, Sois doucement l’ensevelie, Dans la douceur et la mélancolie Et dans la mort du jardin clair ; Mais que dans l’air Persiste à s’exalter l’odeur immense de ta chair. Tes yeux étaient dardés, comme des feux d’ardeur, Vers les étoiles éternelles ; Et les flammes de tes prunelles Définissaient l’éternité, par leur splendeur. Tes mains douces, comme du miel vermeil, Cueillaient, divinement, sur les branches de l’heure, Les fruits de la jeunesse à son éveil ; Ta chevelure était un buisson de soleil ; Ton torse, avec ses feux de clartés rondes, Semblait un firmament d’astres puissants et lourds ; Et quand tes bras serraient, contre ton coeur, l’Amour, Le rythme de tes seins rythmait l’amour du monde. Sur l’or des mers, tu te dressais, tel un flambeau. Tu te donnais à tous comme la terre, Avec ses fleurs, ses lacs, ses monts, ses renouveaux Et ses tombeaux. Mais aujourd’hui que sont venus D’autres désirs de l’Inconnu, Sois doucement, Vénus, la triste et la perdue, Au jardin mort, parmi les bois et les parfums, Avec, sur ton sommeil, la douceur suspendue D’une fleur, par l’automne et l’ouragan, tordue. Autres textes du même auteur A la gloire du vent Aprement Asseyons nous tous deux près du chemin Au clos de notre amour, l'été se continue Au passant d'un soir Autour de ma maison Avec le même amour Avec mes vieilles mains Avec mon sens, avec mon coeur C'est la bonne heure C'était en juin, dans le jardin Chaque heure où je songe à ta bonté Cloches Cuisson du pain Décembre (Les hôtes) En hiver Et maintenant que sont tombés Et qu'importent et les pourquois et les raisons Et te donner ne suffit plus, tu te prodigues Heure d'automne L'abreuvoir L'âge est venu L'ancienne foi L'arbre L'aube, l'ombre, le soir, l'espace et les étoiles L'effort L'hospice La cathédrale de Reims La fenaison La ferme La fleur de lin La forêt La grille La joie La mort du fermier La neige La plaine La pluie La vie La ville nouvelle Là-bas Le chaland Le cri Le forgeron Le gel Le lierre Le moulin Le ruisseau Le vent Le voyage Les alouettes Les bagnes Les barques d'or d'un bel été Les cierges Les corneilles Les exodes Les giboulées Les gueux Les horloges Les machines Les mendiants Les morts Les pêcheurs à cheval Les pigeons Les plages Les Zeppelins sur Paris Mariage Mourir Plus loin que les gares le soir Soldats morts à la guerre Sur la mer Tout ce qui vit autour de nous Un matin Un toit, là-bas Vanniers Vers la mer Vieille ferme à la Toussaint Voici quinze ans déjà Vous m'avez dit, tel soir |
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La poésie, c'est les paroles éparses du réel (Octavio Paz)
Gil Def- Admin
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