COUPS DE COEUR POETIQUES
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
Le deal à ne pas rater :
Display 24 boosters Star Wars Unlimited – Crépuscule de la ...
Voir le deal

A la gloire du vent - Emile Verhaeren

Aller en bas

A la gloire du vent - Emile Verhaeren Empty A la gloire du vent - Emile Verhaeren

Message  Gil Def Jeu 17 Déc - 11:04

A la gloire du vent - Emile Verhaeren 721364  A la gloire du vent - Emile Verhaeren 721364  A la gloire du vent - Emile Verhaeren 721364


L'HOMME ET LA NATURE
LES PHENOMENES NATURELS

A la gloire du vent - Emile Verhaeren 0_som161





A la gloire du vent
"La multiple splendeur" - 1906
Emile Verhaeren


A la gloire du vent - Emile Verhaeren A_la_g10


- Toi qui t'en vas là-bas,
Par toutes les routes de la terre,
Homme tenace et solitaire,
Vers où vas-tu, toi qui t'en vas ?

- J'aime le vent, l'air et l'espace ;
Et je m'en vais sans savoir où,
Avec mon coeur fervent et fou,
Dans l'air qui luit et dans le vent qui passe.

- Le vent est clair dans le soleil,
Le vent est frais sur les maisons,
Le vent incline, avec ses bras vermeils,
De l'un à l'autre bout des horizons,
Les fleurs rouges et les fauves moissons.

- Le Sud, l'Ouest, l'Est, le Nord,
Avec leurs paumes d'or,
Avec leurs poings de glace,
Se rejettent le vent qui passe.

- Voici qu'il vient des mers de Naple et de Messine
Dont le geste des dieux illuminait les flots ;
Il a creusé les vieux déserts où se dessinent
Les blancs festons de sable autour des verts îlots.
Son souffle est fatigué, son haleine timide,
L'herbe se courbe à peine aux pentes du fossé ;
Il a touché pourtant le front des pyramides
Et le grand sphinx l'a vu passer.

- La saison change, et lentement le vent s'exhume
Vêtu de pluie immense et de loques de brume.

- Voici qu'il vient vers nous des horizons blafards,
Angleterre, Jersey, Bretagne, Ecosse, Irlande,
Où novembre suspend les torpides guirlandes
De ses astres noyés, en de pâles brouillards ;
Il est parti, le vent sans joie et sans lumière :
Comme un aveugle, il erre au loin sur l'océan
Et, dès qu'il touche un cap ou qu'il heurte une pierre,
L'abîme érige un cri géant.

- Printemps, quand tu parais sur les plaines désertes,
Le vent froidit et gerce encor ta beauté verte.

- Voici qu'il vient des longs pays où luit Moscou,
Où le Kremlin et ses dômes en or qui bouge
Mirent et rejettent au ciel les soleils rouges ;
Le vent se cabre ardent, rugueux, terrible et fou,
Mord la steppe, bondit d'Ukraine en Allemagne,
Roule sur la bruyère avec un bruit d'airain
Et fait pleurer les légendes, sous les montagnes,
De grotte en grotte, au long du Rhin.

- Le vent, le vent pendant les nuits d'hiver lucides
Pâlit les cieux et les lointains comme un acide.

- Voici qu'il vient du Pôle où de hauts glaciers blancs
Alignent leurs palais de gel et de silence ;
Apre, tranquille et continu dans ses élans,
Il aiguise les rocs comme un faisceau de lances ;
Son vol gagne les Sunds et les Ourals déserts,
S'attarde aux fiords des Suèdes et des Norvèges
Et secoue, à travers l'immensité des mers,
Toutes les plumes de la neige.

- D'où que vienne le vent,
Il rapporte de ses voyages,
A travers l'infini des champs et des villages,
On ne sait quoi de sain, de clair et de fervent.
Avec ses lèvres d'or frôlant le sol des plaines,
Il a baisé la joie et la douleur humaines
Partout ;
Les beaux orgueils, les vieux espoirs, les désirs fous,
Tout ce qui met dans l'âme une attente immortelle,
Il l'attisa de ses quatre ailes ;
Il porte en lui comme un grand coeur sacré
Qui bat, tressaille, exulte ou pleure
Et qu'il disperse, au gré des saisons et des heures,
Vers les bonheurs brandis ou les deuils ignorés.

- Si j'aime, admire et chante avec folie
Le vent,
Et si j'en bois le vin fluide et vivant
Jusqu'à la lie,
C'est qu'il grandit mon être entier et c'est qu'avant
De s'infiltrer, par mes poumons et par mes pores,
Jusques au sang dont vit mon corps,
Avec sa force rude ou sa douceur profonde,
Immensément il a étreint le monde.





Autres textes du même auteur

Aprement
Asseyons nous tous deux près du chemin
Au clos de notre amour, l'été se continue
Au passant d'un soir
Autour de ma maison
Avec le même amour
Avec mes vieilles mains
Avec mon sens, avec mon coeur
C'est la bonne heure
C'était en juin, dans le jardin
Chaque heure où je songe à ta bonté
Cloches
Cuisson du pain
Décembre (Les hôtes)
En hiver
Et maintenant que sont tombés
Et qu'importent et les pourquois et les raisons
Et te donner ne suffit plus, tu te prodigues
Heure d'automne
L'abreuvoir
L'âge est venu
L'ancienne foi
L'arbre
L'aube, l'ombre, le soir, l'espace et les étoiles
L'effort
L'hospice
La cathédrale de Reims
La fenaison
La ferme
La fleur de lin  
La forêt
La grille
La joie
La mort du fermier
La neige
La plaine
La pluie
La vie
La ville nouvelle
Là-bas
Le chaland
Le cri
Le forgeron
Le gel
Le lierre
Le moulin
Le ruisseau
Le vent
Le voyage
Les alouettes
Les bagnes
Les barques d'or d'un bel été
Les cierges
Les corneilles
Les exodes
Les giboulées
Les gueux
Les horloges
Les machines
Les mendiants
Les morts
Les pêcheurs à cheval
Les pigeons
Les plages
Les Zeppelins sur Paris
Mariage
Mourir
Plus loin que les gares le soir
Soldats morts à la guerre
Sur la mer
Tout ce qui vit autour de nous
Un matin
Un toit, là-bas
Vanniers
Vénus
Vers la mer
Vieille ferme à la Toussaint
Voici quinze ans déjà
Vous m'avez dit, tel soir








_________________
La poésie, c'est les paroles éparses du réel (Octavio Paz)
Gil Def
Gil Def
Admin

Masculin
Nombre de messages : 6726
Age : 75
Localisation : Nord de la France
Date d'inscription : 16/11/2007

Revenir en haut Aller en bas

Revenir en haut


 
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum