A la gloire du vent - Emile Verhaeren
COUPS DE COEUR POETIQUES :: POEMES EN EXPOSITION SUR UN THEME :: LA NATURE : LES PHENOMENES NATURELS
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A la gloire du vent - Emile Verhaeren
L'HOMME ET LA NATURE LES PHENOMENES NATURELS |
A la gloire du vent "La multiple splendeur" - 1906 Emile Verhaeren - Toi qui t'en vas là-bas, Par toutes les routes de la terre, Homme tenace et solitaire, Vers où vas-tu, toi qui t'en vas ? - J'aime le vent, l'air et l'espace ; Et je m'en vais sans savoir où, Avec mon coeur fervent et fou, Dans l'air qui luit et dans le vent qui passe. - Le vent est clair dans le soleil, Le vent est frais sur les maisons, Le vent incline, avec ses bras vermeils, De l'un à l'autre bout des horizons, Les fleurs rouges et les fauves moissons. - Le Sud, l'Ouest, l'Est, le Nord, Avec leurs paumes d'or, Avec leurs poings de glace, Se rejettent le vent qui passe. - Voici qu'il vient des mers de Naple et de Messine Dont le geste des dieux illuminait les flots ; Il a creusé les vieux déserts où se dessinent Les blancs festons de sable autour des verts îlots. Son souffle est fatigué, son haleine timide, L'herbe se courbe à peine aux pentes du fossé ; Il a touché pourtant le front des pyramides Et le grand sphinx l'a vu passer. - La saison change, et lentement le vent s'exhume Vêtu de pluie immense et de loques de brume. - Voici qu'il vient vers nous des horizons blafards, Angleterre, Jersey, Bretagne, Ecosse, Irlande, Où novembre suspend les torpides guirlandes De ses astres noyés, en de pâles brouillards ; Il est parti, le vent sans joie et sans lumière : Comme un aveugle, il erre au loin sur l'océan Et, dès qu'il touche un cap ou qu'il heurte une pierre, L'abîme érige un cri géant. - Printemps, quand tu parais sur les plaines désertes, Le vent froidit et gerce encor ta beauté verte. - Voici qu'il vient des longs pays où luit Moscou, Où le Kremlin et ses dômes en or qui bouge Mirent et rejettent au ciel les soleils rouges ; Le vent se cabre ardent, rugueux, terrible et fou, Mord la steppe, bondit d'Ukraine en Allemagne, Roule sur la bruyère avec un bruit d'airain Et fait pleurer les légendes, sous les montagnes, De grotte en grotte, au long du Rhin. - Le vent, le vent pendant les nuits d'hiver lucides Pâlit les cieux et les lointains comme un acide. - Voici qu'il vient du Pôle où de hauts glaciers blancs Alignent leurs palais de gel et de silence ; Apre, tranquille et continu dans ses élans, Il aiguise les rocs comme un faisceau de lances ; Son vol gagne les Sunds et les Ourals déserts, S'attarde aux fiords des Suèdes et des Norvèges Et secoue, à travers l'immensité des mers, Toutes les plumes de la neige. - D'où que vienne le vent, Il rapporte de ses voyages, A travers l'infini des champs et des villages, On ne sait quoi de sain, de clair et de fervent. Avec ses lèvres d'or frôlant le sol des plaines, Il a baisé la joie et la douleur humaines Partout ; Les beaux orgueils, les vieux espoirs, les désirs fous, Tout ce qui met dans l'âme une attente immortelle, Il l'attisa de ses quatre ailes ; Il porte en lui comme un grand coeur sacré Qui bat, tressaille, exulte ou pleure Et qu'il disperse, au gré des saisons et des heures, Vers les bonheurs brandis ou les deuils ignorés. - Si j'aime, admire et chante avec folie Le vent, Et si j'en bois le vin fluide et vivant Jusqu'à la lie, C'est qu'il grandit mon être entier et c'est qu'avant De s'infiltrer, par mes poumons et par mes pores, Jusques au sang dont vit mon corps, Avec sa force rude ou sa douceur profonde, Immensément il a étreint le monde. Autres textes du même auteur Aprement Asseyons nous tous deux près du chemin Au clos de notre amour, l'été se continue Au passant d'un soir Autour de ma maison Avec le même amour Avec mes vieilles mains Avec mon sens, avec mon coeur C'est la bonne heure C'était en juin, dans le jardin Chaque heure où je songe à ta bonté Cloches Cuisson du pain Décembre (Les hôtes) En hiver Et maintenant que sont tombés Et qu'importent et les pourquois et les raisons Et te donner ne suffit plus, tu te prodigues Heure d'automne L'abreuvoir L'âge est venu L'ancienne foi L'arbre L'aube, l'ombre, le soir, l'espace et les étoiles L'effort L'hospice La cathédrale de Reims La fenaison La ferme La fleur de lin La forêt La grille La joie La mort du fermier La neige La plaine La pluie La vie La ville nouvelle Là-bas Le chaland Le cri Le forgeron Le gel Le lierre Le moulin Le ruisseau Le vent Le voyage Les alouettes Les bagnes Les barques d'or d'un bel été Les cierges Les corneilles Les exodes Les giboulées Les gueux Les horloges Les machines Les mendiants Les morts Les pêcheurs à cheval Les pigeons Les plages Les Zeppelins sur Paris Mariage Mourir Plus loin que les gares le soir Soldats morts à la guerre Sur la mer Tout ce qui vit autour de nous Un matin Un toit, là-bas Vanniers Vénus Vers la mer Vieille ferme à la Toussaint Voici quinze ans déjà Vous m'avez dit, tel soir |
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La poésie, c'est les paroles éparses du réel (Octavio Paz)
Gil Def- Admin
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