Mourir - Emile Verhaeren
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Mourir - Emile Verhaeren
LA MORT ET LE DEUIL |
Mourir "Les Soirs" - 1887 Emile Verhaeren Un soir plein de pourpres et de fleuves vermeils Pourrit, par au-delà des plaines diminuées, Et fortement, avec les poings de ses nuées, Sur l'horizon verdâtre, écrase des soleils. Saison massive ! Et comme Octobre, avec paresse Et nonchaloir, se gonfle et meurt dans ce décor Pommes ! caillots de feu ; raisins ! chapelets d'or, Que le doigté tremblant des lumières caresse, Une dernière fois, avant l'hiver. Le vol Des grands corbeaux ? il vient. Mais aujourd'hui, c'est l'heure Encor des feuillaisons de laque - et la meilleure. Les pousses des fraisiers ensanglantent le sol, Le bois tend vers le ciel ses mains de feuilles rousses Et du bronze et du fer sonnent, là-bas, au loin. Une odeur d'eau se mêle à des senteurs de coing Et des parfums d'iris à des parfums de mousses. Et l'étang plane et clair reflète énormément Entre de fins bouleaux, dont le branchage bouge, La lune, qui se lève épaisse, immense et rouge, Et semble un beau fruit mûr, éclos placidement. Mourir ainsi, mon corps, mourir, serait le rêve ! Sous un suprême afflux de couleurs et de chants, Avec, dans les regards, des ors et des couchants, Avec, dans le cerveau, des rivières de sève. Mourir ! comme des fleurs trop énormes, mourir ! Trop massives et trop géantes pour la vie ! La grande mort serait superbement servie Et notre immense orgueil n'aurait rien à souffrir ! Mourir, mon corps, ainsi que l'automne, mourir ! Autres textes du même auteur A la gloire du vent Aprement Asseyons nous tous deux près du chemin Au clos de notre amour, l'été se continue Au passant d'un soir Autour de ma maison Avec le même amour Avec mes vieilles mains Avec mon sens, avec mon coeur C'est la bonne heure C'était en juin, dans le jardin Chaque heure où je songe à ta bonté Cloches Cuisson du pain Décembre (Les hôtes) En hiver Et maintenant que sont tombés Et qu'importent et les pourquois et les raisons Et te donner ne suffit plus, tu te prodigues Heure d'automne L'abreuvoir L'âge est venu L'ancienne foi L'arbre L'aube, l'ombre, le soir, l'espace et les étoiles L'effort L'hospice La cathédrale de Reims La fenaison La ferme La fleur de lin La forêt La grille La joie La mort du fermier La neige La plaine La pluie La vie La ville nouvelle Là-bas Le chaland Le cri Le forgeron Le gel Le lierre Le moulin Le ruisseau Le vent Le voyage Les alouettes Les bagnes Les barques d'or d'un bel été Les cierges Les corneilles Les exodes Les giboulées Les gueux Les horloges Les machines Les mendiants Les morts Les pêcheurs à cheval Les pigeons Les plages Les Zeppelins sur Paris Mariage Plus loin que les gares le soir Soldats morts à la guerre Sur la mer Tout ce qui vit autour de nous Un matin Un toit, là-bas Vanniers Vénus Vers la mer Vieille ferme à la Toussaint Voici quinze ans déjà Vous m'avez dit, tel soir |
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La poésie, c'est les paroles éparses du réel (Octavio Paz)
Gil Def- Admin
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