Gil Def Mar 9 Fév - 18:04
LES PHARES ET LES PASSERELLES HOMMAGE AUX POETES
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Stances à Victor Hugo "Les Eblouissements" - 1907 Anna de Noailles
On ne peut que se taire, Hugo ; la voix se meurt Chez celui qui t’écoute ; On ne peut que rester baigné de ta rumeur, Sur le bord de ta route.
Dans les chemins du monde où tes pieds ont marche, La cigale est sonore C’est toi le masque noir des nuits, c’est toi l’archer Qui décoches l’aurore
Qu’un autre ose élever vers ton autel si haut Une ode triomphante, Je ne veux qu’effeuiller sur ton divin tombeau La rose de l’Infante.
Je suis la sœur de Ruth, la sœur de l’Enfant grec Et du Roi de Galice ; Je viens ivre d’azur et de rosée, avec L’aube dans ma pelisse ;
Je viens comme une enfant qui voudrait caresser Ta face auguste et sainte, Et qui, ne pouvant rien pour ta gloire, a tressé Le lierre et la jacinthe
Comme une enfant qui tremble et qui tombe à genou Joignant des mains glacées, Et qui baise en pleurant les pieds joyeux et doux De tes grandes pensées
Je crois que c’est toi Pan, que c’est toi Jéhova, Toi le chantant Homère, Que l’immense océan, brisant ses bords, s’en va Dans ta poitrine amère.
Quand je vois l’infini, je pense « C’est Hugo, C’est sa bouche profonde ! » Et je crois que c’est vous les deux pôles égaux Qui contiennent le monde !
Je vous lis en pleurant, en chantant tour à tour, Vous seul m’avez fait croire Qu’on peut mettre au-dessus de l’ineffable amour L’héroïsme et la gloire.
Ah ! près d’Eviradnus, près du divin Roland Qui gardent votre tombe, Laissez que, déchirant son gosier tiède et blanc, J’immole ma colombe…
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La poésie, c'est les paroles éparses du réel (Octavio Paz)