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La dame de pierre "Le Coffret de santal" - 1873 Charles Cros
Sur ce couvercle de tombeau Elle dort. L'obscur artiste Qui l'a sculptée a vu le beau Sans rien de triste.
Joignant les mains, les yeux heureux Sous le voile des paupières, Elle a des rêves amoureux Dans ses prières.
Sous les plis lourds du vêtement, La chair apparaît rebelle, N'oubliant pas complètement Qu'elle était belle.
Ramenés sur le sein glacé Les bras, en d'étroites manches, Rêvent l'amant qu'ont enlacé Leurs chaînes blanches.
Le lévrier, comme autrefois Attendant une caresse, Dort blotti contre les pieds froids De sa maîtresse.
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Tout le passé revit. Je vois Les splendeurs seigneuriales. Les écussons et les pavois Des grandes salles.
Les hauts plafonds de bois, bordés D'emblématiques sculptures, Les chasses, les tournois brodés Sur les tentures.
Dans son fauteuil, sans nul souci Des gens dont la chambre est pleine, À quoi peut donc rêver ainsi, La châtelaine ?
Ses yeux où brillent par moment Les fiertés intérieures, Lisent mélancoliquement Un livre d'heures.
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Quand une femme rêve ainsi Fière de sa beauté rare, C'est quelque drame sans merci Qui se prépare.
Peut-être à temps, en pleine fleur, Celle-ci fut mise en terre. Bien qu'implacable, la douleur En fut austère.
L'amant n'a pas vu se ternir, Au souffle de l'infidèle, La pureté du souvenir Qu'il avait d'elle.
La mort n'a pas atteint le beau. La chair perverse est tuée, Mais la forme est, sur un tombeau, Perpétuée.
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