Gil Def Jeu 25 Fév - 9:14
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Sur une tombe "Les Epaves" - 1908 René François Sully Prudhomme
J’entends toujours monter de cette affreuse tombe Le son lugubre et sourd de la terre qui tombe Et croule sur ce jeune corps. Ce son n’a plus voulu sortir de mon oreille ; Il me poursuit le jour, la nuit il me réveille, Il m’obsède comme un remords.
Je crois toujours ouïr la morte solitaire Qui, sentant croître l’ombre et s’amasser la terre, Les conjure d’attendre un peu ; Près de s’évanouir si douce est la lumière ! Mais la nuit et le sable ont chargé sa paupière, Au soleil elle a dit adieu.
Elle écoute : elle entend s’éloigner sa famille ; Ils rentrent au foyer, tes frères : pauvre fille, Va seule dans l’éternité… Toute seule, ô terreur ! Ô spectacle qui navre : Dans l’âme la torture, et dans l’œil du cadavre Le sommeil vide, illimité.
Car ces êtres jumeaux n’ont plus même fortune : L’un rend paisiblement à la source commune Les éléments qu’il avait pris ; L’autre dans l’infini s’épouvante et frissonne, Et, veuve du regard, ne reconnaît personne Au vague empire des esprits.
Qui donc souhaite à l’âme une essence immortelle Devant l’horizon noir que la funèbre pelle Ouvre au songe sous le gazon ? C’est plutôt le néant cent fois que je préfère, À moins que l’enfant mort puisse oublier sa mère Et la verdure et la maison.
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La poésie, c'est les paroles éparses du réel (Octavio Paz)