L'avalanche - Willam Chapman
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L'avalanche - Willam Chapman
L'HOMME ET LA NATURE LES PHENOMENES NATURELS |
L'avalanche "Les Fleurs de givre" - 1912 William Chapman Un jour du mois de mars sur le flanc des Rocheuses. Le soleil éclatant fond les couches neigeuses Enveloppant les monts couronnés par l’éther. Pas un souffle de vent ne tressaille dans l’air. Pas un nuage au ciel ne fait tache. Un silence Inexprimable dort sur l’étendue immense. On dirait que la paix des temps originels A toujours habité les glaciers éternels. Dans les plis sinueux et clairs de chaque pente Comme un boa d’argent un ruisselet serpente ; Et sur les gorges plane une rose vapeur. Mais soudain, au milieu de ce calme trompeur, Où l’on entend à peine un gazouillis d’eau vive, Éclate le sifflet d’une locomotive. Un train de voyageurs s’avance. Le voici Qui sort en rugissant d’un massif obscurci Par la fumée aux flots tourbillonnants qu’exhale Le grand monstre de fer. Plus prompt que la rafale À travers l’infini du brumeux Océan, Il rase l’entonnoir d’un abîme béant Dont la profondeur sombre et morne est insondable. Tout à coup un fracas sinistre et formidable Retentit, dominant les mille bruits d’enfer Du convoi tortueux sur les longs rails de fer. Horreur !. Un lourd fragment d’un glacier géant glisse. Et les pesants wagons dans l’affreux précipice Croulent, tordus, troués, réduits en mille éclats, Cent malheureux blessés gisent sur le verglas, Affolés de douleur, éperdus d’épouvante ; Et parmi les lambeaux de chair encor vivante, Parmi les ais, les freins, les ressorts, les essieux, Des bras désespérés se tendent vers les cieux, Des cris et des sanglots dans des râles s’éteignent. Un grand fauve de loin flaire les corps qui saignent Dans la neige roulant en épais tourbillons Sur la pente traîtresse ; et demain les rayons Du soleil matinal, glissant au fond du gouffre, En vain y chercheront le voyageur qui souffre, N’y verront se mouvoir que les lynx et les ours. Par moments, tout se tait dans les défilés sourds : Seuls les sinistres cris des hiboux sous les arbres Profilant leurs troncs froids et blancs comme des marbres, Interrompent le long silence du désert Farouche et monotone où le regard se perd. Rien de plus saisissant que ce silence morne Planant comme la mort dans l’espace sans borne ; Et l’on dirait que l’air même est tout attristé Par ce coup si brutal de la fatalité. Maintenant le vent pleure à travers les Rocheuses, Tous les agonisants et les morts entassés Hélas ! sont disparus sous les replis glacés Du suaire tramé des fils de l’avalanche Qui d’instant en instant choit d’une cime blanche. Et de même qu’on croit parfois sous terre ouïr Ceux que le fossoyeur se hâte d’enfouir, Il nous semble, penchés sur la nouvelle tombe, Entendre de l’abîme, où déjà le soir tombe, Monter une plaintive et poignante rumeur. Enfin tout bruit au loin décroît, s’efface et meurt. Et, comme pour cacher l’horreur de ce désastre, Une nuit glaciale, où ne brille aucun astre, Où pas un être humain ne bouge, pas un seul, Sur le blanc précipice étend son noir linceul. Autres textes du même auteur A Jean Aicard En mer Il neige L'Orgue La mouette La Toussaint Le violoniste Les flotteurs Les Paspéyas Nevermore Retour de pêche |
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Gil Def- Admin
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