Les Zeppelins sur Paris - Emile Verhaeren
Page 1 sur 1
Les Zeppelins sur Paris - Emile Verhaeren
HISTOIRE ET POLITIQUE LA PREMIERE GUERRE MONDIALE |
Les Zeppelins sur Paris "Les Ailes rouges de la guerre" - 1916 Emile Verhaeren Sous les étoiles d’or d’un ciel ornemental Glissent les Zeppelins dans la clarté hardie Et le vent assaillant leurs parois de métal En fait luire et siffler l’armature arrondie. Un but sûr, mais lointain, les hèle et les conduit ; Et tandis qu’ils ne sont encor qu’ombre et mystère Leur vol énorme et lourd s’avance dans la nuit, Et passe on ne sait où, au-dessus de la terre. Les plaines et les bois se dérobent sous eux Et les coteaux avec leurs fermes suspendues Et le bourg et la ville aux étages nombreux D’où leur présence proche est soudain entendue. Aussitôt jusqu’au Sud, et de l’Est et du Nord, S’émeut et retentit le télégraphe immense ; La menace est criée et la vie et la mort Organisent partout l’attaque ou la défense. De toutes parts est perforé l’espace gris ; Des foyers de lumière en tous coins se dévoilent Et leurs barres de feu vont ramant sur Paris Avant de remonter se cogner aux étoiles. Ceux qui guident le vol des navires, là-haut, Voient luire à leurs côtés la grande Ourse et les flammes D’Hercule et d’Orion, d’Hélène et des Gémeaux, Et s’estomper au loin le Louvre et Notre-Dame. La ville est à leurs pieds et se tasse en sa nuit Et se range et s’allonge aux deux bords de la Seine ; Voici ses palais d’or et ses quais de granit Et sa gloire pareille à la gloire romaine. L’ivresse monte en eux et leur orgueil est tel Que rien jusqu’à leur mort ne le pourra dissoudre. Ne sont-ils pas à cet instant les rois du ciel Et les dieux orageux qui promènent la foudre ? Ils bondissent dans l’air lucide ; ils vont et vont, Évoquant on ne sait quel mythe en leur mémoire Et creusent plus avant un chemin plus profond, Dites, vers quel destin de chute ou de victoire. Les projecteurs géants croisent si fort leurs feux Qu’on dirait une lutte immense entre les astres Et que les Zeppelins se décident entre eux À déclencher soudain la mort et les désastres. Pourtant jusqu’à Paris aucun n’est parvenu. Avant qu’un monument ne devienne ruine Ils s’en sont allés tous, comme ils étaient venus Avec le coup de l’échec dur en leur poitrine. Ils n’ont semé que ci et là, de coins en coins, La mitraille qu’ils destinaient au dôme unique Où dort celui qui les ployait sous ses deux poings Et les dominait tous, de son front titanique. Et, peut-être, est-ce lui qui les a rejetés Du côté des chemins où la fuite s’accoude, Rien qu’à se soulever, lentement, sur son coude Tel que pour le réveil Rude l’avait sculpté. LES ZEPELLINS DUR PARIS Dès le début de la Première Guerre mondiale, Paris subit des bombardements aériens en particulier par des dirigeables allemands nommés Zeppelins. Heureusement, toutes les machines volantes ont encore peu de capacités de destruction. Autres textes du même auteur A la gloire du vent Aprement Asseyons nous tous deux près du chemin Au clos de notre amour, l'été se continue Au passant d'un soir Autour de ma maison Avec le même amour Avec mes vieilles mains Avec mon sens, avec mon coeur C'est la bonne heure C'était en juin, dans le jardin Chaque heure où je songe à ta bonté Cloches Cuisson du pain Décembre (Les hôtes) En hiver Et maintenant que sont tombés Et qu'importent et les pourquois et les raisons Et te donner ne suffit plus, tu te prodigues Heure d'automne L'abreuvoir L'âge est venu L'ancienne foi L'arbre L'aube, l'ombre, le soir, l'espace et les étoiles L'effort L'hospice La cathédrale de Reims La fenaison La ferme La fleur de lin La forêt La grille La joie La mort du fermier La neige La plaine La pluie La vie La ville nouvelle Là-bas Le chaland Le cri Le forgeron Le gel Le lierre Le moulin Le ruisseau Le vent Le voyage Les alouettes Les bagnes Les barques d'or d'un bel été Les cierges Les corneilles Les exodes Les giboulées Les gueux Les horloges Les machines Les mendiants Les morts Les pêcheurs à cheval Les pigeons Les plages Mariage Mourir Plus loin que les gares le soir Soldats morts à la guerre Sur la mer Tout ce qui vit autour de nous Un matin Un toit, là-bas Vanniers Vénus Vers la mer Vieille ferme à la Toussaint Voici quinze ans déjà Vous m'avez dit, tel soir |
_________________
La poésie, c'est les paroles éparses du réel (Octavio Paz)
Gil Def- Admin
-
Nombre de messages : 6708
Age : 75
Localisation : Nord de la France
Date d'inscription : 16/11/2007
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
|
|