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Le souvenir des morts - Anna de Noailles

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Message  Gil Def Jeu 29 Avr - 13:36

Le souvenir des morts - Anna de Noailles 721364  Le souvenir des morts - Anna de Noailles 721364  Le souvenir des morts - Anna de Noailles 721364


LA MORT ET LE DEUIL

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Le souvenir des morts
"Les Vivants et les Morts" - 1913
Anna de Noailles


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Des nuages, du froid, de la pluie et du vent
Le printemps est sorti sur toute la nature ;
Les arbres ont repris leur verdoyante enflure,
Et semblent protéger les rapides vivants.

Ils vont, ces affranchis, à qui la Destinée
Accorde encor un jour de délice ou de paix,
Et leur aveuglement candide se repaît
De ce sursis de vie, humble et momentanée.

Ainsi vont les humains tolérés par le Temps !
— Tel un chaînon léger à la chaîne des âges,
Il tinte clair et frais, le vaniteux printemps,
Et comme un vif grelot excite leur courage !

Mais je ne louerai pas le hardi renouveau :
Le printemps vient des morts, et je le leur dédie.
Tout est vaine, bruyante ou morne comédie,
Puisque tout est détresse accédant au repos.

— Multitude endormie en la cité des pierres
Ils ont l’éternité que nous n’obtenons pas,
L’espace est concentré sous leur faible paupière,
L’obsédant mouvement s’arrête sous leurs pas.

Alignés côte à côte, austère compagnie,
Ils sont des étrangers, que seul dérangera
Le convive nouveau, en funèbre apparat,
Qu’on descend au séjour de la monotonie.

En vain les yeux vivants, penchés sur leur néant,
Tentent de réveiller ces puissantes paresses,
Et d’absorber les corps à force de caresses
Ainsi que le soleil aspire l’océan !

Anéantis, fermés et froids comme les astres,
Ils restent. Ni les voix, ni le chant des clairons,
Ni le sublime amour flamboyant n’interrompt
Le silence infini de leur calme désastre.

Ah ! les rires, l’espoir, les projets, les étés
Sont d’incertains signaux à qui mon cœur résiste ;
La vie est sans aspects puisque la mort existe.
Je vous salue, ô Morts ! Constance, Fixité !

— On bâtit : des maçons debout sur les tranchées
Font vibrer dans l’azur le bruit vaillant du fer,
Mais mes yeux vont, emplis d’un songe âpre et désert,
De nos maisons debout à vos maisons couchées.

Je laisse les oiseaux, dans le laiteux azur,
Acclamer la saison insinuante et tendre ;
Je pense aux froids jardins enfermés dans les murs
Où les morts patients rêvent à nous attendre.

Je m’éloigne de tout ce qui vit et qui sert ;
Je pense à vous : mon but, mes frères, mon exemple.
La Mort vous a groupés dans son grave concert,
Et sa sombre unité, nous la chantons ensemble !…




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