COUPS DE COEUR POETIQUES
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
-14%
Le deal à ne pas rater :
Smartphone Xiaomi Redmi Note 13 Pro – 6,67″ 8 Go/256 Go, Noir
174.99 € 202.67 €
Voir le deal

Les genêts - Maurice Rollinat

Aller en bas

Les genêts - Maurice Rollinat Empty Les genêts - Maurice Rollinat

Message  Gil Def Lun 4 Fév - 17:04

Les genêts - Maurice Rollinat 721364  Les genêts - Maurice Rollinat 721364  Les genêts - Maurice Rollinat 721364


L'HOMME ET LA NATURE
LE MONDE VEGETAL

Les genêts - Maurice Rollinat Monde_10





Les genêts
"Paysages et Paysans" - 1899
Maurice Rollinat


Les genêts - Maurice Rollinat Les_ge10


Ce frais matin tout à fait sobre
De vent froid, de nuage errant,
Est le sourire le plus franc
De ce mélancolique octobre.

Lumineusement, l'herbe fume
Vers la cime des châtaigniers
Qui se pâment - désenfrognés
Par le soleil qui les rallume.

Les collines de la bruyère,
Claires, se montrent de plus près
Leurs dégringolantes forêts
Semblant descendre à la rivière.

Celle-ci bombe, se balance
Et huileusement fait son bruit
Qui s'en va, revient, se renfuit,
Comme un bercement du silence.

Le vert-noir de l'eau se confronte
Avec le bleu lacté du ciel
A travers la douceur de miel
D'un air pur où le parfum monte :

Un arome sensible à peine,
Celui de la plante qui meurt
Exhalant sa vie et son coeur
En soufflant sa dernière haleine.

Or, dans ces fonde où l'on commence
A voir, des buissons aux rochers,
Des fils de la Vierge accrochés,
Rêve un clos de genêts immense.

Ils épandent là, - si touffue,
En si compacte quantité !
- Leur couleur évoquant l'été,
Qu'ils cachent le sol à la vue.

Ils ont tout couvert - fougeraies,
Ronce, ajonc, l'herbe, le chiendent.
Sans un vide, ils vont s'étendant
Des quatre cotés jusqu'aux haies.

A-t-il fallu qu'elle soit grande
La solitude de ce val,
Pour que ce petit végétal
Ait englouti toute une brande !

Promenoir gênant, mais bon gîte,
Abri sûr, labyrinthe épais
Du vieux reptile aimant la paix
Et du lièvre qu'une ombre agite !

Leur masse est encore imprégnée
Des pleurs de l'aube : ces balais
Montrent des petits carrelets
En fine toile d'araignée.

Parmi ces teintes déjà rousses
Du grand feuillage décrépit
Ils sont d'un beau vert, en dépit
Du noir desséché de leurs gousses.

Leur verdoiement est le contraire
De celui du triste cyprès :
Il n'évoque pour les regrets
Aucune image funéraire ;

Et pourtant, que jaune-immortelle
Leur floraison éclate ! Alors,
Tout bas, ils parleront des morts
Aux yeux du souvenir fidèle.

Ayant picoté les aumônes
Du bon hasard, dans les guérets,
Les pinsons, les chardonnerets
S'y mêlent rougeâtres et jaunes ;

Et souvent, aux plus hautes pointes,
Dans un nimbe de papillons,
On voit ces menus oisillons
Perchés roides, les pattes jointes.

Mais le soleil qui se rapproche
Perd sa tiédeur et son éclat.
Déjà, tel arbre apparaît plat
Sur le recul de telle roche ;

Toute leur surface embrumée
De marécageuse vapeur,
Les genêts dorment la stupeur
De leur extase inanimée.

Monstrueux de hauteur, de nombre,
Dans ce paysage de roc,
Ils sont là figés, tout d'un bloc,
D'air plus monotone et plus sombre.

En leur vague entour léthargique
Ils prennent, sous l'azur dormant,
Un mystère d'enchantement,
Une solennité magique.

Voici qu'avec le jour plus pâle
A droite, à gauche, on ne sait où,
Sur les bords, au milieu, partout,
On entend le chant bref du râle :

Et c'est d'une horreur infinie
Ce cri qui souterrainement
Contrefait le respirement
D'un être humain à l'agonie !

Puis le ciel baisse à l'improviste,
Devient noir, presque ténébreux.
Les genêts s'éteignent. - Sur eux
La pluie avorte froide et triste.

Et le vent gémissant lugubre,
Au soir mauvais d'un jour si beau,
Emporte dans l'air et sur l'eau
Leur odeur amère et salubre.





Autres textes du même auteur

Ballade de l'arc-en-ciel
Balzac
Chanson d'automne
Chopin
Journée de printemps
L’écrevisse
L’écureuil
La biche
La chèvre
La grande cascade
La mare aux grenouilles
La morte
La musique
La neige
La pipe
La plaine
La pluie
La sauterelle
La vipère
Le bon fou
Le champ de chardons
Le convoi funèbre
Le crapaud
Le facteur rural
Le forgeron
Le lézard
Le lièvre
Le petit renardeau
Le pivert
Le rasoir
Le rossignol
Le saule
Le silence
Le silence des morts
Le vent d'été
Les arbres
Les chauve-souris
Les cloportes
Les corbeaux
Les deux bouleaux
Les papillons
Les yeux bleus
Ma vieille canne
Ma vieille pipe
Magie de la nature
Mes girouettes
Pendant la pluie
Réponse d'un sage
Tempête obscure









Dernière édition par Gil Def le Ven 25 Juin - 19:47, édité 16 fois

_________________
La poésie, c'est les paroles éparses du réel (Octavio Paz)
Gil Def
Gil Def
Admin

Masculin
Nombre de messages : 6699
Age : 75
Localisation : Nord de la France
Date d'inscription : 16/11/2007

Revenir en haut Aller en bas

Revenir en haut


 
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum