Gil Def Lun 24 Jan - 17:18
MANIFESTEMENT CHERCHE-MONDE
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Qu'aurai-je été ? Gil DEF - N° 847 / 06.05.2017

Qu’aurais-je été si ce n’est l’histoire d’un vieux rêve Un vieux rêve comme un printemps d’après l’hiver Comme une oasis inespérée dans un désert Comme nous inséparables d’une même fièvre
Jamais ne m’a quitté cette idée que la vie puisse Répondre avec grâce à mes attentes, mes désirs, Me fournir le motif de son éloge sans y trahir L’impossible traduction des prières qui ne s’épuisent
Qu’aurais-je été si ce n’est l’accroche d’un vieux rêve Un vieux rêve de préférence au crève-cœur du réel Désespérant de drames, de crimes, de forfaits cruels Insupportables de toute dignité qu’ils nous enlèvent
Jamais ne me ferai au non-sens du mal de vivre De telle insignifiance que l’on inflige à notre condition Tant le pouvoir est à la vanité, à l’aliénation Au viol de l’intelligence à laquelle il nous livre
Qu’aurais-je été si ce n’est le blason d’un vieux rêve Un vieux rêve que tiennent les esprits hors du temps Hors de la misère, de l’injure des sentiments Hors de tout pouvoir de la pourriture sans trêve
Jamais ne me soumettrai à des décisions qui mènent La guerre contre nos droits, nos projets, notre temps, Nos besoins, notre santé et notre entendement Il faut savoir dire leur fait à ceux qui nous malmènent
Qu’aurais-je été si ce n’est l’applique d’un vieux rêve Un vieux rêve comme un enfant entend parler aux oiseaux Comme des amants refont le monde sans besoin de mots Comme nous à tout choisir au temps rouge des lèvres
Tant de fois, presque tout, m’a imposé la tristesse La solitude d’une réflexion sans issue, Et cette peine de tant de beautés abattues J’en ai repris le combat contre toute détresse
Qu’aurais-je été si ce n’est l’exigence à moi-même De mobiliser tout ce que je pouvais pour quérir La vérité, en appeler à tout ce qui peut servir La justesse et la bonté en relations humaines
Maintenant que mon vieux rêve est à son dernier voyage Il ne faut pas croire qu’il dise, hélas, tout doit finir Laissez-moi encore un espace qui puisse m’affranchir De ce monde insensé de malheurs pour seul partage
Laissez-moi m’entretenir avec ceux qui se reconnaissent Se respectent, se voient pareils à rire ou à souffrir A s’en faire ou à rêver, à échouer ou à réussir Laissez-moi cette poésie des meilleures adresses
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La poésie, c'est les paroles éparses du réel (Octavio Paz)