Mortel pense quel est dessous la couverture - Jean-Baptiste Chassignet
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Mortel pense quel est dessous la couverture - Jean-Baptiste Chassignet
LA MORT ET LE DEUIL |
Mortel pense quel est dessous la couverture "Le Mépris de la vie et consolation contre la mort" - 1594 Jean-Baptiste Chassignet Récitant : Laurent Nogatchewsky Mortel pense quel est dessous la couverture D’un charnier mortuaire un corps mangé de vers, Décharné, dénervé, où les os découverts, Dépoulpés, dénoués, délaissent leur jointure : Ici l’une des mains tombe de pourriture, Les yeux d’autre côté détournés à l’envers Se distillent en glaire, et les muscles divers Servent aux vers goulus d’ordinaire pâture : Le ventre déchiré cornant de puanteur Infecte l’air voisin de mauvaise senteur, Et le nez mi-rongé difforme le visage ; Puis connaissant l’état de ta fragilité, Fonde en Dieu seulement, estimant vanité Tout ce qui ne te rend plus savant et plus sage. LE THEME RECURRENT DE LA MORT Cette œuvre s’inscrit dans ce courant poétique de la fin du XVIe siècle sensible aux images de la mort, de l’agonie et du pourrissement de la chair, comme on les trouve dans les Derniers Vers de Ronsard, contemporain de Chassignet. Cette sensibilité est sans aucun doute alimentée par le contexte des guerres de religion entre catholiques et protestants, des massacres et des horreurs qui les accompagnent. Elève des Jésuites, Jean-Baptiste se réfère à l’Ecclésiaste, aux Psaumes, et à la Bible. Il prouve une solide culture humaniste. Il multiplie les allusions à Sénèque. Il est aussi influencé par des contemporains notamment Philippe du Plessis-Mornay, écrivain et homme politique protestant, qui avait publié en 1576 un Discours de la vie et de la mort. Il s'inspire vraisemblablement de l'écrivain espagnol Diego de Estella et de son livre Vanitad del mundo (Vanité du monde) publié en 1562 et traduit en 1587. Il emprunte largement aux Essais de Montaigne. Mais l’évocation macabre de la mort chez Chassignet n'est pas une invitation à jouir du temps présent, c'est au contraire l'occasion de se ressaisir en fonction d'un futur proche et inéluctable. Par cette œuvre, Chassignet se situe dans un courant chrétien qui va évoluer au siècle suivant vers l'austérité. Autres textes du même auteur Assieds-toi sur le bord d'une ondante rivière Celui quiconque apprend à mourir constamment Comme petits enfants d'une larve outrageuse Conte les ans, les mois, les heures, les jours Le temps ne bouge point et jamais ne repose Nous allons à la mort mais nous n'y courrons pas |
Dernière édition par Gil Def le Ven 25 Juin - 8:15, édité 15 fois
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