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Celui quiconque apprend à mourir constamment - Jean Baptiste Chassignet

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Message  Gil Def Jeu 17 Mar - 17:47

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LA MORT ET LE DEUIL

Celui quiconque apprend à mourir constamment - Jean Baptiste Chassignet 0_somm35





Celui quiconque apprend à mourir constamment 
"Le Mépris de la vie et consolation contre la mort" - 1594
Jean-Baptiste Chassignet
Récitant : Laurent Nogatchewsky





Celuy quiconque apprend à mourir constamment
Des-aprent à servir, & ny à violence,
Torture, ny prison dont l’extreme souffrance
Rompe de ses desseins le stable fondement.

Mediter à la mort, cest le commencement
De vivre en liberté ; douteusement balance
Sans resolution, jouet de l’inconstance
Celuy qui du trespas redoute le torment.

L’amour de ceste vie est la vapeur funeste
Qui troublant de l’esprit la nature celeste
Le fait impudemment à tout vice courir.

Jettons la en arriere, & nous verrons à l’heure
Sortir des beaus effets d’une cause meilleure ;
On ne vit jamais bien quand on craint de mourir.





LE THEME RECURRENT DE LA MORT

Cette œuvre s’inscrit dans ce courant poétique de la fin du XVIe siècle sensible aux images de la mort, de l’agonie et du pourrissement de la chair, comme on les trouve dans les Derniers Vers de Ronsard, contemporain de Chassignet. Cette sensibilité est sans aucun doute alimentée par le contexte des guerres de religion entre catholiques et protestants, des massacres et des horreurs qui les accompagnent.
Elève des Jésuites, Jean-Baptiste  se réfère à l’Ecclésiaste, aux Psaumes, et à la Bible. Il prouve une solide culture humaniste. Il multiplie les allusions à Sénèque.  Il est aussi influencé par des contemporains notamment Philippe du Plessis-Mornay, écrivain et homme politique protestant, qui avait publié en 1576 un Discours de la vie et de la mort. Il s'inspire vraisemblablement de l'écrivain espagnol Diego de Estella et de son livre Vanitad del mundo (Vanité du monde) publié en 1562 et traduit en 1587. Il emprunte largement aux Essais de Montaigne. Mais l’évocation macabre de la mort chez Chassignet n'est pas une invitation à jouir du temps présent, c'est au contraire l'occasion de se ressaisir en fonction d'un futur proche et inéluctable. Par cette œuvre, Chassignet se situe dans un courant chrétien qui va évoluer au siècle suivant vers l'austérité.



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