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Comme petits enfants d’une larve outrageuse - Jean Baptiste Chassignet

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Message  Gil Def Ven 18 Mar - 13:47

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LA MORT ET LE DEUIL

Comme petits enfants d’une larve outrageuse - Jean Baptiste Chassignet 0_som159





Comme petits enfants d’une larve outrageuse 
"Le Mépris de la vie et consolation contre la mort" - 1594
Jean Baptiste Chassignet
Récitant : Laurent Nogatchewsky





Comme petits enfants d'une larve outrageuse,
D'un fantôme, ou d'un masque, ainsi nous avons peur,
Et redoutons ta mort, la concevant au coeur
Telle comme on la fait, hâve, triste, et affreuse :

Comme il plaît à la main ou loyale, ou trompeuse
Du graveur, du tailleur, ou du peintre flatteur
La nous représenter sur un tableau menteur,
Nous l'imaginons telle, agréable, ou hideuse :

Ces appréhensions torturant nos cerveaux
Nous chassent devant elle, ainsi comme bouveaux
Courent devant le loup, et n'avons pas l'espace

De la bien remarquer : ôtons le masque feint,
Lors nous la trouverons autre qu'on ne la peint,
Gracieuse à toucher, et plaisante de face.





LE THEME RECURRENT DE LA MORT

Cette œuvre s’inscrit dans ce courant poétique de la fin du XVIe siècle sensible aux images de la mort, de l’agonie et du pourrissement de la chair, comme on les trouve dans les Derniers Vers de Ronsard, contemporain de Chassignet. Cette sensibilité est sans aucun doute alimentée par le contexte des guerres de religion entre catholiques et protestants, des massacres et des horreurs qui les accompagnent.
Elève des Jésuites, Jean-Baptiste  se réfère à l’Ecclésiaste, aux Psaumes, et à la Bible. Il prouve une solide culture humaniste. Il multiplie les allusions à Sénèque.  Il est aussi influencé par des contemporains notamment Philippe du Plessis-Mornay, écrivain et homme politique protestant, qui avait publié en 1576 un Discours de la vie et de la mort. Il s'inspire vraisemblablement de l'écrivain espagnol Diego de Estella et de son livre Vanitad del mundo (Vanité du monde) publié en 1562 et traduit en 1587. Il emprunte largement aux Essais de Montaigne. Mais l’évocation macabre de la mort chez Chassignet n'est pas une invitation à jouir du temps présent, c'est au contraire l'occasion de se ressaisir en fonction d'un futur proche et inéluctable. Par cette œuvre, Chassignet se situe dans un courant chrétien qui va évoluer au siècle suivant vers l'austérité.



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