Il y a d'autres poèmes - Charles Vidrac
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Il y a d'autres poèmes - Charles Vidrac
HISTOIRE ET POLITIQUE LA PREMIERE GUERRE MONDIALE |
Il y a d'autres poèmes "Chants du désespéré" - 1920 Charles Vildrac Récitant : Jacques Bonnaffé A Luc Dirtain Il y a d’autres poèmes Que je projetais d’écrire. J’aurais pu peupler ce livre De pauvres oiseaux sanglants Aux yeux pleins d’horreur; De noirs oiseaux mutilés Épuisant, tels que des feuilles, Un vol au ras des ornières Avant de mourir. O potentats, gens de guerre Qui nous teniez à merci ! Sombre engeance, vieux gendarmes. Faux courage et faux honneur ! Je crois n’avoir jamais pu Haïr pour mon propre compte, Mais je m’étais bien promis De chanter comme il convient Pour tuer votre légende. Et j’avais peur d’oublier ! Et j’avais peur d’oublier Le visage des martyrs, La lâcheté des méchants, Telle angoisse et tel soupir, Tel aspect et tel accent. Hélas ! que n’ai-je oublié ! Et que n’ai-je à ranimer Dans un long frémissement Un à un des souvenirs Repliés dans ma mémoire ! La guerre est encore vivante Et pesante en moi comme un mal Qu’on n’arrive pas à guérir ! La guerre est la tache grasse Qui recouvre hier, Mais si large et si nourrie Qu’elle envahit le présent. La guerre, ah ! je la refoule En moi chaque jour ; Une affreuse nostalgie Me hante et m’étreint ; J’attendrai d’en être libre Pour ajouter à ce livre ; Pour prêter ma voix au torrent J’attendrai d’être loin de lui Où qu’une herbe drue habite Son lit asséché. Je ne pourrais aujourd’hui Qu’y retremper ma colère. Mais la colère est impure et stérile, Ne sait pas chanter, refuse les larmes Et fait trop honneur à ce qui l’anime; Son cri n’est pas celui qui délivre. Amitié, amitié de tous mes amis, Innombrable amitié de mes camarades, Je tournerai mes yeux seulement vers ton visage ; Il avait, dans l’âpre aventure La tendresse de l’arc-en-ciel Et déployait comme lui son sourire Sur un ciel mauvais et plombé d’orage. Je me délivrerai, amitié, en te chantant; Vivace amitié toujours retrouvée Dans tous les remous et à tous les vents ! Ah ! de quoi nos coeurs, dans ce long exil Auraient-ils pu vivre, amitié, sans toi ? Et sur quoi de certain, sinon sur toi Pourrions-nous fonder aujourd’hui la joie. L’inquiète joie, la fragile joie ? Autres textes du même auteur Chant d'un fantassin Printemps de guerre Si l'on gardait |
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