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La branche d'amandier "Nouvelles méditations poétiques" - 1823 Alphonse de Lamartine
De l'amandier tige fleurie, Symbole, hélas! de la beauté, Comme toi, la fleur de la vie Fleurit et tombe avant l'été.
Qu'on la néglige ou qu'on la cueille, De nos fronts, des mains de l'Amour, Elle s'échappe feuille à feuille, Comme nos plaisirs jour à jour!
Savourons ces courtes délices; Disputons-les même au zéphyr, Epuisons les riants calices De ces parfums qui vont mourir.
Souvent la beauté fugitive Ressemble à la fleur du matin, Qui, du front glacé du convive, Tombe avant l'heure du festin.
Un jour tombe, un autre se lève; Le printemps va s'évanouir; Chaque fleur que le vent enlève Nous dit : Hâtez-vous de jouir.
Et, puisqu'il faut qu'elles périssent, Qu'elles périssent sans retour! Que ces roses ne se flétrissent Que sous les lèvres de l'amour!
COMMENTAIRE DE LAMARTINE
Un jour, en revenant de Terracine à Rome, je m’arrêtai à Albano. C’était au mois de février : les collines étaient roses de fleurs de pêchers et d’amandiers. Une jeune fille de Laricia, village voisin d’Albano, passa auprès de moi ; et, détachant de sa tête une couronne de ces fleurs que ses compagnes lui avaient tressées, elle me la jeta, en me souhaitant bonheur. Elle était plus belle que ce printemps, et plus rose que ces fleurs. Je pris le rameau en souriant, et je l’attachai à la voiture.
Le soir, j’écrivis au crayon ces strophes. Arrivé à Paris, je les donnai à une charmante jeune femme, pour qui ces vers furent un triste présage : elle mourut dans l’année. C’était madame de Genoude.
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