13. Les rimes : qualité
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13. Les rimes : qualité
VERSIFICATION - LES RIMES : QUALITE - |
LA RIME CLASSIQUE Les poètes de la fin du XVe siècle et du commencement du XVIe siècle poussèrent très loin la recherche de la rime riche et tombèrent dans les jeux de mots, imaginant diverses combinaisons de rimes. En réaction à ces excès techniques, Du Bellay est le premier à demander une rime, certes riche et travaillée, mais qui ne doit pas pour autant sacrifier le sens. Dans la poésie classique, le souci de la rime vient ainsi après le sens. On demande à la rime de féconder le sens et non l'inverse. Exemple : Que toujours le bon sens s'accorde avec la rime L'un l'autre vainement ils semblent se haïr La rime est une esclave et ne doit qu'obéir. Au joug de la raison sans peine elle fléchit Et, loin de la gêner, la sert et l'enrichit (Boileau) LES QUALITES DE LA RIME La qualité d'une rime se mesure au nombre de phonèmes concernés. - La rime pauvre ne porte que sur la dernière voyelle accentuée. Exemples : fou/cou; surpris/joli - La rime suffisante porte sur deux homophonies soit voyelle + consonne, soit consonne + voyelle. Exemples : retard/brouillard; peine/veine - La rime riche porte sur trois homophonies qui peuvent se présenter sous diverses combinaisons de consonnes et de voyelles. Exemples : partie/sortie; retenu/venu; maître/traître LA PURETE DE LA RIME Pendant longtemps, la poésie classique n'a cessé d'établir des règles sur la pureté de la rime, exigeant que la rime soit à la fois phonique, et visuelle, interdisant aussi des rimes jugées faciles entre des mots de même suffixe, de même désinence, etc. Peu à peu, les auteurs se sont affranchis de ces règles bien trop contraignantes. De plus, la rime a aussi dû s'adapter à l'évolution de la prononciation des mots au fil des siècles. POUR MEMOIRE Il existe un très grand nombre de rimes possibles. En voici une liste non exhaustive : - La rime léonine, étendue sur deux syllabes Exemple : volant/consolant - La rime en écho : Exemple : "Il fuit. La bande malévole Vole Sur sa trace et par le plus court Court" (Victor Hugo) - La rime batelée : la fin du vers rime avec le mot à la césure du vers suivant Exemple : "J'avais un jour un valet de Gascogne Gourmand, ivrogne et assûré menteur" (Clément Marot) - La rime brisée : les vers riment par la césure Exemple "Chacun doit regarder selon droit de nature Son bien propre garder où trop se dénature" - La rime équivoquée : rime sur des mots homophones de sens différents Exemple "L'enfant abdique son extase Et docte déjà par chemins Elle dit le mot : anastase ! Naît pour d'éternels parchemins" (Mallarmé) - La rime annexée : mot de la même famille au début du vers suivant Exemple "Ainsi se fait rime annexée, Annexant vers à autres vers, Versifiée, et composée, Composant tels mots ou divers, Diversement mis et repris, Reprenant la syllabe entière" - La rime fratrisée : à la fois annexée et équivoquée Exemple "Cours est un périlleux passage : Pas sage n'est qui va en court." (Tabourot) - La rime enchaînée : qui tient à l'étymologie des mots Exemple "Me tourmentant de ce qui me contente Me contentant de ce qui me tourmente." (Clément Marot) - La rime couronnée : répétition de la syllabe de la rime. Exemple "Soyes ma présente sente Mon mieux, ma régente gente Ma plus apparente rente" (Jean Molinet) - La rime sénée : tous les mots commencent par la même consonne Exemple : "Sombre, songeant, sans sûre soutenance" - La rime dérivative : avec des mots de même racine Exemple : infâme/diffame - La rime inversée Exemples : roc/encore, niche/Chine - La rime augmentée Exemple : tout à coup/couple |
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