Ma femme aimée - Abdellatif Laâbi
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ETATS ET DISPOSITIONS DE L'ESPRIT |
Ma femme aimée "L’arbre de fer fleurit" - 1974 Abdellatif Laâbi Ma femme aimée l’aube nous rappelle à la présence la lutte reprend et l’amour s’épanouit comme une rose dans l’arène de l’émeute ma main tremble à la limite c’est d’un membre que j’ai envie de m’amputer pour l’élever en offrande jusqu’à toi cette main justement qui se dresse pour laver l’affront oui pour toi dans l’allégresse de l’émeute Je fais appel au désert peuplé de la parole au silence retentissant du commencement je fais appel à l’eau, à son origine de sources inconnues et de chutes terrifiantes je fais appel à ce qui naît de la terre et de la main de l’homme je fais appel au tourbillon sourd et insensible de l’émergence je fais appel aux nappes dormantes du feu à la droiture du ciel flagellé du sceptre solaire je fais appel à la profondeur nuptiale modelant le souffle dans ses entrailles emperlées j’interpelle l’homme et la matière je bondis au sein du mouvement mais l’aube de ma patrie s’étale comme une énigme par-delà les barreaux j’aperçois à peine un arbre un minaret je sus ébloui par tant de beauté un frisson me traverse le dos je surprends ton sommeil de sphinx paisible je me défais lentement d’un membre pour l’élever en offrande jusqu’à toi cette main justement qui se dresse pour laver l’affront oui pour toi dans l’allégresse de l’émeute Il faut pouvoir réfléchir comment en sommes-nous arrivés là comment la révolution, toi et ma longue marche pour mériter la parole il faut pouvoir réfléchir pour ravir à l’indicible ce que nous pouvons encore ravir ma femme aimée ma main tremble c’est comme si j’avais seize ans et que j’écrivais mon premier poème. * ma bien-aimée j’ai longtemps déserté les mots simples les mots-tocsin j’en fais l’aveu aujourd’hui comment t’expliquer j’étais tellement empêtré à l’intérieur de moi-même c’était un tel labyrinthe et tous ces enfers à exorciser tous ces atavismes à expulser que les mots jaillissaient de ma poitrine bardés d’une double armature très peu de mirages dans cet ésotérisme ni la recherche de la gloire et du scandale crois-moi c’était ainsi parce que vécu dans cet enchevêtrement de grotte ensorcelée je me flagelle ni ne me justifie par cette confidence publique car je sais par-dessus tout que ce qui importe c’est cette permanence de - la mobilisation intérieure – j’explique simplement je déroule l’itinéraire et je reprends fort de tout ce que mon peuple m’a appris fort de ma douleur fort de notre amour Je suis à peine né A la parole Autres textes du même auteur Deux heures de train Je n'ai jamais cessé de marcher |
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La poésie, c'est les paroles éparses du réel (Octavio Paz)
Gil Def- Admin
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