COUPS DE COEUR POETIQUES
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
-28%
Le deal à ne pas rater :
Brandt LVE127J – Lave-vaisselle encastrable 12 couverts – L60cm
279.99 € 390.99 €
Voir le deal

La frayeur de la mort ébranle le plus ferme - Théophile de Viau

Aller en bas

La frayeur de la mort ébranle le plus ferme - Théophile de Viau Empty La frayeur de la mort ébranle le plus ferme - Théophile de Viau

Message  Gil Def Jeu 14 Fév - 12:27

La frayeur de la mort ébranle le plus ferme - Théophile de Viau 721364  La frayeur de la mort ébranle le plus ferme - Théophile de Viau 721364  La frayeur de la mort ébranle le plus ferme - Théophile de Viau 721364


DE LA CONDITION HUMAINE
PLAIDOYER DES GRANDES CAUSES

La frayeur de la mort ébranle le plus ferme - Théophile de Viau 0_somm72





La frayeur de la mort ébranle le plus ferme
"Oeuvres complètes" - 1856
Théophile  de Viau

La frayeur de la mort ébranle le plus ferme - Théophile de Viau La_fra10
Reconstitution d'une pendaison au Moyen Age - Les guerriers d'Avalon


La frayeur de la mort ébranle le plus ferme :
Il est bien malaisé,
Que dans le désespoir, et proche de son terme
L'esprit soit apaisé.

L'âme la plus robuste, et la mieux préparée
Aux accidents du sort,
Voyant auprès de soi sa fin toute assurée,
Elle s'étonne fort.

Le criminel pressé de la mortelle crainte
D'un supplice douteux,
Encore avec espoir endure la contrainte
De ses liens honteux.

Mais quand l'arrêt sanglant a résolu sa peine
Et qu'il voit le bourreau,
Dont l'impiteuse main lui détache une chaîne
Et lui met un cordeau,

Il n'a goutte de sang qui ne soit lors glacée,
Son âme est dans les fers ;
L'image du gibet lui monte à la pensée,
Et l'effroi des Enfers.

L'imagination de cet objet funeste
Lui trouble la raison,
Et sans qu'il ait du mal, il a pis que la peste,
Et pis que le poison.

Il jette malgré lui les siens dans sa détresse,
Et traîne en son malheur
Des gens indifférents, qu'il voit parmi la presse
Pâles de sa douleur.

Partout dedans la Grève il voit fendre la terre,
La Seine est l'Achéron,
Chaque rayon du jour est un trait de tonnerre,
Et chaque homme Charon.

La consolation que le prêcheur apporte
Ne lui fait point de bien :
Car le pauvre se croit une personne morte,
Et n'écoute plus rien.

Les sens sont retirés, il n'a plus son visage,
Et dans ce changement
Ce serait être fol de conserver l'usage
D'un peu de jugement.

La nature, de peine et d'horreur abattue,
Quitte ce malheureux,
Il meurt de mille morts, et le coup qui le tue
Est le moins rigoureux.










Dernière édition par Gil Def le Sam 23 Aoû - 10:40, édité 2 fois

_________________
La poésie, c'est les paroles éparses du réel (Octavio Paz)
Gil Def
Gil Def
Admin

Masculin
Nombre de messages : 5711
Age : 74
Localisation : Nord de la France
Date d'inscription : 16/11/2007

Revenir en haut Aller en bas

Revenir en haut


 
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum