Pido silencio - Pablo Neruda (1904-1973)
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Pido silencio - Pablo Neruda (1904-1973)
Pido silencio "Estravagario" - 1958 Pablo Neruda (1904-1973) Récitant : Luigi Maria Corsanico Ahora me dejen tranquilo. Ahora se acostumbren sin mí. Yo voy a cerrar los ojos Y sólo quiero cinco cosas, cinco raices preferidas. Una es el amor sin fin. Lo segundo es ver el otoño. No puedo ser sin que las hojas vuelen y vuelvan a la tierra. Lo tercero es el grave invierno, la lluvia que amé, la caricia del fuego en el frío silvestre. En cuarto lugar el verano redondo como una sandía. La quinta cosa son tus ojos, Matilde mía, bienamada, no quiero dormir sin tus ojos, no quiero ser sin que me mires: yo cambio la primavera por que tú me sigas mirando. Amigos, eso es cuanto quiero. Es casi nada y casi todo. Ahora si quieren se vayan. He vivido tanto que un día tendrán que olvidarme por fuerza, borrándome de la pizarra: mi corazón fue interminable. Pero porque pido silencio no crean que voy a morirme: me pasa todo lo contrario: sucede que voy a vivirme. Sucede que soy y que sigo. No será, pues, sino que adentro de mí crecerán cereales, primero los granos que rompen la tierra para ver la luz, pero la madre tierra es oscura: y dentro de mí soy oscuro: soy como un pozo en cuyas aguas la noche deja sus estrellas y sigue sola por el campo. Se trata de que tanto he vivido que quiero vivir otro tanto. Nunca me sentí tan sonoro, nunca he tenido tantos besos. Ahora, como siempre, es temprano. Vuela la luz con sus abejas. Déjenme solo con el día. Pido permiso para nacer. Je demande le silence Traduction : Guy Suarès Vaguedivague, Gallimard, 1971 Qu’on me laisse tranquille à présent. Qu’on s’habitue sans moi à présent. Je vais fermer les yeux. Et je ne veux que cinq choses, cinq racines préférées. L’une est l’amour sans fin. La seconde est de voir l’automne. Je ne peux être sans que les feuilles volent et reviennent à la terre. La troisième est le grave hiver, La pluie que j’ai aimé, la caresse Du feu dans le froid sylvestre. Quatrièmement l’été rond comme une pastèque. La cinquième chose ce sont tes yeux, ma Mathilde bien aimée, je ne veux pas dormir sans tes yeux, je ne veux pas être sans que tu me regardes: je change le printemps afin que tu continues à me regarder. Amis, voilà ce que je veux. C’est presque rien et c’est presque tout. A présent si vous le désirez partez. J’ai tant vécu qu’un jour vous devrez m’oublier inéluctablement, vous m’effacerez du tableau : mon coeur n’a pas de fin. Mais parce que je demande le silence ne croyez pas que je vais mourir : c’est tout le contraire qui m’arrive il advient que je vais me vivre. Il advient que je suis et poursuis. Ne serait-ce donc pas qu’en moi poussent des céréales, d’abord les grains qui déchirent la terre pour voir la lumière, mais la terre mère est obscure, et en moi je suis obscur : Je suis comme un puits dans les eaux duquel la nuit dépose ses étoiles et poursuis seul à travers la campagne. Le fait est que j’ai tant vécu que je veux vivre encore autant. je ne me suis jamais senti si vibrant, je n’ai jamais eu tant de bécots. A présent, comme toujours, il est tôt. La lumière vole avec ses abeilles. Laissez-moi seul avec le jour. Je demande la permission de naître. |
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La poésie, c'est les paroles éparses du réel (Octavio Paz)
Gil Def- Admin
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