La culpa es de uno - Mario Benedetti (1920-2009)
Page 1 sur 1
La culpa es de uno - Mario Benedetti (1920-2009)
La culpa es de uno Mario Benedetti (1920-2009) Récitant : Mario Benedetti Quizá fue una hecatombe de esperanzas un derrumbe de algún modo previsto ah, pero mi tristeza sólo tuvo un sentido todas mis intuiciones se asomaron para verme sufrir y por cierto me vieron hasta aquí había hecho y rehecho mis trayectos contigo hasta aquí había apostado a inventar la verdad pero vos encontraste la manera una manera tierna y a la vez implacable de desahuciar mi amor con un solo pronóstico lo quitaste de los suburbios de tu vida posible lo envolviste en nostalgias lo cargaste por cuadras y cuadras y despacito sin que el aire nocturno lo advirtiera ahí nomás lo dejaste a solas con su suerte que no es mucha creo que tenés razón la culpa es de uno cuando no enamora y no de los pretextos ni del tiempo hace mucho, muchísimo que yo no me enfrentaba como anoche al espejo y fue implacable como vos mas no fue tierno ahora estoy solo francamente solo siempre cuesta un poquito empezar a sentirse desgraciado antes de regresar a mis lóbregos cuarteles de invierno con los ojos bien secos por si acaso miro como te vas adentrando en la niebla y empiezo a recordarte. C'est de ta faute C'était peut-être une hécatombe d'espoirs un glissement de terrain en quelque sorte prévu ah mais ma tristesse n'avait qu'un sens toutes mes intuitions ont jeté un coup d'œil pour me voir souffrir et d'ailleurs ils m'ont vu jusqu'ici j'avais fait et refait mes voyages avec toi Jusqu'ici j'avais parié sur inventer la vérité mais tu as trouvé un moyen, un moyen Tendre et en même temps implacable pour expulser mon amour avec un seul pronostic, tu l'as retiré de la banlieue de ta vie possible tu l'as enveloppé de nostalgie, tu l'as porté pour des blocs et des blocs et lentement, sans que l'air de la nuit s'en aperçoive tu l'as juste laissé là, seul avec sa chance, ce qui n'est pas beaucoup je pense que tu as raison, c'est de ta faute si tu ne tombes pas amoureux et pas des excuses, ni du temps ça fait longtemps, très longtemps que je n'ai pas affronté le miroir comme la nuit dernière et c'était impitoyable comme toi, mais ce n'était pas tendre, maintenant je suis seul, franchement, seul c'est toujours un peu difficile de commencer à se sentir misérable avant de retourner dans mes sombres quartiers d'hiver avec les yeux secs, juste au cas où je regarde comment tu vas dans le brouillard et je commence à me souvenir de toi |
_________________
La poésie, c'est les paroles éparses du réel (Octavio Paz)
Gil Def- Admin
-
Nombre de messages : 5763
Age : 74
Localisation : Nord de la France
Date d'inscription : 16/11/2007
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
|
|