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10. Le vers libre, le vers libéré

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Message  Gil Def Sam 24 Nov - 18:34

10. Le vers libre, le vers libéré 721364  10. Le vers libre, le vers libéré 721364  10. Le vers libre, le vers libéré 721364


VERSIFICATION

- LE VERS LIBRE OU LIBERE -





Il existe un certain nombre de confusions sur les notions de vers libre, de vers libéré ou de vers blanc, que ce sujet va essayer d'éclaircir.

LE VERS LIBRE

Le vers libre est né dans le dernier quart du XIXe siècle, ses théoriciens sont Gustave Kahn (1859-1936) et Jules Laforgue (1860-1887).

Le vers libre peut se distinguer du vers régulier de la manière suivante :
- Un même vers peut être rythmé de façon différente
- La longueur de chaque vers est tout à fait variable
- Les vers ne sont reliés par la rime que de façon occasionnelle

Mais le vers libre reste identifiable par la marque du retour à la ligne.

Exemple
Non, non ! c'est la saison et la planète falote !
Que l'autan, que l'autan
Effiloche les savates que le Temps se tricote !
C'est la saison. Oh déchirements ! c'est la saison !
Tous les ans, tous les ans
J'essaierai en choeur d'en donner la note ! (Jules Laforgue)

LE VERS LIBERE

Le vers libéré est plus proche de la norme par référence à un nombre régulier de syllabes, mais s'en écarte par son indépendance par rapport aux règles du hiatus, du e caduc, ou de la césure.

Exemple :
Guadalupe de Alcaraz a des mitaines d'or
des fleurs de grenadier suspendues aux oreilles
et deux accroche-coeur pareils à deux énormes
cédilles plaquées sur son front lisse de vierge (Francis Jammes)

On remarque notamment l'absence de majuscule en début de vers, l'absence de rimes régulières, mais on retrouve encore des vers identifiables comme alexandrins.

LE VERS BLANC

Les vers blancs sont des vers non rimés, mais conformes aux règles métriques ou rythmiques.

REMARQUES

Les libertés prises avec les règles classiques n'ont pas toujours été accueillies favorablement en leur temps, mais des poètes notamment Mallarmé y ont vu une source nouvelle de fécondité de la poésie.

Exemple

Le coup de dés

  UN COUP DE DÉS

  JAMAIS
  QUAND BIEN MÊME LANCÉ DANS DES CIRCONSTANCES
  ÉTERNELLES
  DU FOND D'UN NAUFRAGE

  SOIT
  que
  l'Abîme
  blanchi
  étale
  furieux
  sous une inclinaison
  plane désespérément
  d'aile
  la sienne
  par
  avance retombée d'un mal à dresser le vol
  et couvrant les jaillissements
  coupant au ras les bonds
  très à l'intérieur résume
  l'ombre enfouie dans la profondeur par cette voile alternative
  jusqu'adapter
  à l'envergure
  sa béante profondeur en tant que la coque
  d'un bâtiment
  penché de l'un ou l'autre bord

  LE MAÎTRE
  hors d'anciens calculs
  où la manoeuvre avec l'âge oubliée
  surgi
  inférant
  jadis il empoignait la barre
  de cette conflagration
  à ses pieds
  de l'horizon unanime
  que se
  prépare
  s'agite et mêle
  au poing qui l'étreindrait
  comme on menace
  un destin et les vents
  l'unique Nombre qui ne peut pas
  être un autre
  Esprit
  pour le jeter
  dans la tempête
  en reployer la division et passer fier
  hésite
  cadavre par le bras
  écarté du secret qu'il détient
  plutôt
  que de jouer
  en maniaque chenu
  la partie
  au nom des flots
  un
  envahit le chef
  coule en barbe soumise
  naufrage cela
  direct de l'homme
  sans nef
  n'importe
  où vaine

  ancestralement à n'ouvrir pas la main
  crispée
  par delà l'inutile tête
  legs en la disparition
  à quelqu'un
  ambigu
  l'ultérieur démon immémorial
  ayant
  de contrées nulles
  induit
  le vieillard vers cette conjonction suprême avec la probabilité
  celui
  son ombre puérile
  caressée et polie et rendue et lavée
  assouplie par la vague et soustraite
  aux durs os perdus entre les ais
  né
  d'un ébat
  la mer par l'aieul tentant ou l'aieul contre la mer
  une chance oiseuse
  Fiançailles
  dont
  le voile d'illusion rejailli leur hantise
  ainsi que le fantôme d'un geste
  chancellera
  s'affalera
  folie
  N'ABOLIRA

  COMME SI
  Une insinuation
  simple
  au silence
  enroulée avec ironie
  ou
  le mystère
  précipité
  hurlé
  dans quelque proche
  tourbillon d'hilarité et d'horreur
  voltige
  autour du gouffre
  sans de joncher
  ni fuir
  et en berce le vierge indice
  COMME SI

  plume solitaire éperdue
  sauf
  que la rencontre ou l'effleure une toque de minuit
  et immobilise
  au velours chiffonné par un esclaffement sombre
  cette blancheur rigide
  dérisoire
  en opposition au ciel
  trop
  pour ne pas marquer
  exigûment
  quiconque
  prince amer de l'écueil
  s'en coiffe comme de l'héroique
  irrésistible mais contenu
  par sa petite raison virile
  en foudre

  soucieux
  expiatoire et pubère
  muet
  rire
  que
  SI
  La lucide et seigneuriale aigrette
  de vertige
  au front invisible
  scintille
  puis ombrage
  une stature mignonne ténébreuse
  debout
  en sa torsion de sirène
  le temps
  de souffleter
  par d'impatientes squames ultimes
  bifurquées
  un roc
  faux manoir
  tout de suite
  évaporé en brumes
  qui imposa
  une borne à l'infini

  C'ÉTAIT
  LE NOMBRE
  issu stellaire
  EXISTÂT-IL
  autrement qu'hallucination éparse d'agonie
  COMMENÇÂT-IT ET CESSÂT-IL
  sourdant que nié et clos quand apparu
  enfin
  par quelque profusion répandue en rareté
  SE CHIFFRÂT-IL
  évidence de la somme pour peu qu'une
  ILLUMINÂT-IL
  CE SERAIT
  pire
  non
  davantage ni moins
  indifféremment mais autant
  LE HASARD
  Choit
  la plume
  rythmique suspens du sinistre
  s'ensevelir
  aux écumes originelles
  naguères d'où sursauta son délire jusqu'à une cime
  flétrie
  par la neutralité identique du gouffre

  RIEN
  de la mémorable crise
  ou se fût
  l'événement
  accompli en vue de tout résultat nul
  humain
  N'AURA EU LIEU
  une élévation ordinaire verse l'absence
  QUE LE LIEU
  inférieur clapotis quelconque comme pour disperser l'acte vide
  abruptement qui sinon
  par son mensonge
  eût fondé
  la perdition
  dans ces parages
  du vague
  en quoi toute réalité se dissout

  EXCEPTÉ
  à l'altitude
  PEUT-ÊTRE
  aussi loin qu'un endroit
  fusionne avec au delà
  hors l'intérêt
  quant à lui signalé
  en général
  selon telle obliquité par telle déclivité
  de feux
  vers
  ce doit être
  le Septentrion aussi Nord
  UNE CONSTELLATION
  froide d'oublie et de désuétude
  pas tant
  qu'elle n'énumère
  sur quelque surface vacante et supérieure
  le heurt successif
  sidéralement
  d'un compte total en formation
  veillant
  doutant
  roulant
  brillant et méditant
  avant de s'arrêter
  à quelque point dernier qui le sacre
  Toute Pensée émet un Coup de Dés

Stéphane Mallarmé (1842-1898)








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La poésie, c'est les paroles éparses du réel (Octavio Paz)
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