Gil Def Mer 16 Déc - 8:04
AINSI VA LA VIE SCENES DE LA VIE
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Midi au village "Les Solitudes" - 1869 René François Sully Prudhomme
Nul troupeau n’erre ni ne broute ; Le berger s’allonge à l’écart ; La poussière dort sur la route, Le charretier sur le brancard.
Le forgeron dort dans la forge ; Le maçon s’étend sur un banc ; Le boucher ronfle à pleine gorge, Les bras rouges encor de sang.
La guêpe rôde au bord des jattes ; Les ramiers couvrent les pignons ; Et, la gueule entre les deux pattes, Le dogue a des rêves grognons.
Les lavandières babillardes Se taisent. Non loin du lavoir, En plein azur, sèchent les hardes D’une blancheur blessante à voir.
La férule à peine surveille Les écoliers inattentifs ; Le murmure épars d’une abeille Se mêle aux alphabets plaintifs…
Un vent chaud traîne ses écharpes Sur les grands blés lourds de sommeil, Et les mouches se font des harpes Avec des rayons de soleil.
Immobiles devant les portes Sur la pierre des seuils étroits, Les aïeules semblent des mortes Avec leurs quenouilles aux doigts.
C’est alors que de la fenêtre S’entendent, tout en parlant bas, Plus libres qu’à minuit peut-être,
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La poésie, c'est les paroles éparses du réel (Octavio Paz)