Courrières - Jules Breton

Gil Def Mer 16 Déc - 16:08

L'HOMME ET SON ENVIRONNEMENT

LES MILIEUX NATURELS ET FAMILIERS

Courrières
"Les champs et la mer" - 1875
Jules Breton

Lorsqu’à travers ta brume, ô plaine de Courrière,
L’ombre monte au clocher dans l’or bruni du soir,
Que s’inclinent tes blés comme pour la prière,
Et que ton marais fume, immobile encensoir ;

Quand reviennent des bords fleuris de ta rivière,
Portant le linge frais qu’a blanchi le lavoir,
Tes filles le front ceint d’un nimbe de lumière,
Je n’imagine rien de plus charmant à voir.

D’autres courent bien loin pour trouver des merveilles ;
Laissons-les s’agiter : dans leurs fiévreuses veilles,
Ils ne sentiraient pas ta tranquille beauté.

Tu suffis à mon cœur, toi qui vis mes grands-pères,
Lorsqu’ils passaient joyeux, en leurs heures prospères,
Sur ces mêmes chemins, aux mêmes soirs d’été.

COURRIERES, CITE MARQUEE PAR UN DRAME

Courrières est une commune du Pas-de-Calais qui fut de 1850 à 1992 le siège d’une exploitation charbonnière. Le nom de Courrières est désormais associé au pire drame de toute l’histoire des exploitations minières. Le 10 mars 1906, un coup de poussier, c’est-à-dire l’inflammation des fines particules de charbon dévaste 110 km de galeries et 1099 mineurs périssent dans l’incendie. Cette catastrophe provoque un mouvement social d’ampleur chez les mineurs qui oblige le pouvoir politique à le prendre en compte et notamment à instaurer le repos hebdomadaire, chose qui est présentement ignorée de beaucoup de Français.
Notons que Jules Breton, auteur du texte, est né à Courrières et que son père ainsi que l’un de ses frères furent Maire de Courrières mais avant la catastrophe de 1906.