Gil Def Ven 5 Mar - 9:58
AINSI VA LA VIE LES BONHEURS SIMPLES
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L'abondance "L'ombre des jours" - 1902 Anna de Noailles
L’automne roux et las s’effeuille sur l’étang, Voici la chute prompte et sèche de l’année, On entend dans les bois l’âpre course du Temps Sonner comme un sabot de bête éperonnée.
— Ah ne sois pas si triste et ne crains point l’hiver, Tu ne sentiras pas sa froideur inactive ; Les rosiers du jardin, la viorne, le buis vert Refleuriront pour toi dans mon âme inventive.
Car pendant tout le mois, alors que dans les champs Tu marchais respirant la vivace aventure, J’allais d’un air plus grave et plus lent, et penchant Mon désir vers la terre âcre, savante et mûre.
Je sais tous les secrets des plantes et des eaux. La feuille dentelée et le bruit de la source Sont entrés dans mon cœur aux merveilleux réseaux, Mon cœur est plein de joie et de bonnes ressources.
Je te dirai, tandis que les pommes de pin Grésilleront au creux de la moelleuse cendre, Comme le jour est beau, pendant l’été divin, Quand la force amoureuse au sillon va descendre ;
La fraîcheur tournoyante et claire du matin Glissera comme une eau de ma voix sur tes lèvres, Au souvenir de l’herbe et des touffes de thym Qu’à l’aube remuaient la rainette et les lièvres.
Je te dirai le cri des cigales au soir Sur le silence ardent et triste de la plaine, Le repos des vergers, l’odeur des arrosoirs, Les troupeaux, leurs plaisirs, leur sagesse et leur laine.
Je te dirai l’approche auguste de la nuit Sur la campagne calme et les tiges bercées, La forme des reflets sur la route qui suit La petite rivière onduleuse et pressée.
— Alors tu reverras les jours qui ont été Rosir dans la douceur de ma parole habile, Et mon regard sera sur toi comme un été Plein de feuillage vert et de branches mobiles…
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La poésie, c'est les paroles éparses du réel (Octavio Paz)