Gil Def Mar 6 Avr - 14:18
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La Source "Emaux et camées" - 1852 Théophile Gautier
Tout près du lac filtre une source, Entre deux pierres, dans un coin ; Allègrement l’eau prend sa course Comme pour s’en aller bien loin.
Elle murmure : « Oh ! quelle joie ! Sous la terre il faisait si noir ! Maintenant ma rive verdoie, Le ciel se mire à mon miroir.
"Les myosotis aux fleurs bleues Me disent : « Ne m’oubliez pas ! » Les libellules de leurs queues M’égratignent dans leurs ébats ;
"À ma coupe l’oiseau s’abreuve… Qui sait ? après quelques détours Peut-être deviendrai-je un fleuve Baignant vallons, rochers et tours.
"Je broderai de mon écume Ponts de pierre, quais de granit, Emportant le steamer qui fume À l’Océan où tout finit."
Ainsi la jeune source jase, Formant cent projets d’avenir ; Comme l’eau qui bout dans un vase, Son flot ne peut se contenir ;
Mais le berceau touche à la tombe, Le géant futur meurt petit ; Née à peine, la source tombe Dans le grand lac qui l’engloutit !
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La poésie, c'est les paroles éparses du réel (Octavio Paz)