COUPS DE COEUR POETIQUES
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
Le Deal du moment :
Réassort du coffret Pokémon 151 ...
Voir le deal

Voyage - Théophile Gautier

Aller en bas

Voyage - Théophile Gautier Empty Voyage - Théophile Gautier

Message  Gil Def Mer 7 Avr - 13:34

Voyage - Théophile Gautier 721364  Voyage - Théophile Gautier 721364  Voyage - Théophile Gautier 721364


LES VOYAGES
LES RECITS DE VOYAGE

Voyage - Théophile Gautier 00_som17





Voyage
"Premières poésies" - 1830
Théophile Gautier


Voyage - Théophile Gautier Voyage14


Au travers de la vitre blanche
Le soleil rit, et sur les murs
Traçant de grands angles, épanche
Ses rayons splendides et purs.
Par un si beau temps, à la ville
Rester parmi la foule vile !
Je veux voir des sites nouveaux :
Postillons, sellez vos chevaux.

Au sein d’un nuage de poudre,
Par un galop précipité,
Aussi promptement que la foudre
Comme il est doux d’être emporté !
Le sable bruit sous la roue,
Le vent autour de vous se joue ;
Je veux voir des sites nouveaux :
Postillons, pressez vos chevaux.

Les arbres qui bordent la route
Paraissent fuir rapidement,
Leur forme obscure dont l’œil doute
Ne se dessine qu’un moment ;
Le ciel, tel qu’une banderole,
Par-dessus les bois roule et vole ;
Je veux voir des sites nouveaux :
Postillons, pressez vos chevaux.

Chaumières, fermes isolées,
Vieux châteaux que flanque une tour,
Monts arides, fraîches vallées,
Forêts, se suivent tour à tour ;
Parfois au milieu d’une brume,
Un ruisseau dont la chute écume ;
Je veux voir des sites nouveaux :
Postillons, pressez vos chevaux.

Puis une hirondelle qui passe,
Rasant la grève au sable d’or,
Puis semés dans un large espace.
Les moutons d’un berger qui dort,
De grandes perspectives bleues,
Larges et longues de vingt lieues ;
Je veux voir des sites nouveaux :
Postillons, pressez vos chevaux.

Une montagne : l’on enraye
Au bord du rapide penchant
D’un mont dont la hauteur effraye ;
Les chevaux glissent en marchant,
L’essieu grince, le pavé fume,
Et la roue un instant s’allume ;
Je veux voir des sites nouveaux :
Postillons, pressez vos chevaux.

La côte raide est descendue.
Recouverte de sable fin,
La route, à chaque instant perdue,
S’étend comme un ruban sans fin.
Que cette plaine est monotone !
On dirait un matin d’automne ;
Je veux voir des sites nouveaux :
Postillons, pressez vos chevaux.

Une ville d’un aspect sombre,
Avec ses tours et ses clochers
Qui montent dans les airs, sans nombre,
Comme des mâts ou des rochers,
Où mille lumières flamboient
Au sein des ombres qui la noient ;
Je veux voir des sites nouveaux :
Postillons, pressez vos chevaux !

Mais ils sont las, et leurs narines,
Rouges de sang, soufflent du feu ;
L’écume inonde leurs poitrines,
Il faut nous arrêter un peu.
Halte ! demain, plus vite encore,
Aussitôt que poindra l’aurore,
Postillons, pressez vos chevaux,
Je veux voir des sites nouveaux.








_________________
La poésie, c'est les paroles éparses du réel (Octavio Paz)
Gil Def
Gil Def
Admin

Masculin
Nombre de messages : 5794
Age : 74
Localisation : Nord de la France
Date d'inscription : 16/11/2007

Revenir en haut Aller en bas

Revenir en haut


 
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum