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Le violon - Jean Richepin

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Message  Gil Def Ven 9 Avr - 14:12

Le violon - Jean Richepin 721364  Le violon - Jean Richepin 721364  Le violon - Jean Richepin 721364


BONHEUR, DOULEUR ET MALHEUR D’AIMER
VERSIONS MULTIPLES D'AIMER

Le violon - Jean Richepin 0_som105





Le violon 
"Les Caresses" - 1877
Jean Richepin


Le violon - Jean Richepin Le_vio11


Mon cœur est un violon
Sur lequel ton archet joue,
Et qui vibre tout du long,
Appuyé contre ta joue.

Tantôt l’air est vif et gai
Comme un refrain de folie,
Tantôt le son fatigué
Traîne avec mélancolie.

C’est la chanson des baisers
Qui d’abord court, saute et danse,
Puis en rhythmes apaisés
S’endort sur une cadence.

C’est la chanson des seins blancs
Qui s’enflent comme des vagues,
Puis qui se calment, tremblants
Comme un lac aux frissons vagues.

C’est la chanson de ton corps
Qui fait chanter ses caresses,
Puis s’éteint dans des accords
De langoureuses paresses.

C’est la chanson qui rend fou.
Rends-moi fou, ça te regarde ;
Mais si tu fais trop joujou
Sur le violon, prends garde !

Prends garde ! l’âme est debout ;
Les quatre cordes, tordues
Sur les clefs tout près du tout,
Jusqu’à casser sont tendues.

Et pourtant, ô fol archet,
Sur ces cordes tu gambilles
Comme ce clown qui marchait
En dansant sur des coquilles.

Ta vas, tu les prends d’assaut,
Et tu mords leur nerf qui vibre,
Et tu bondis, et d’un saut
Tu leur fais grincer la fibre ;

Et pleurant à pleine voix,
Pour si peu que tu le veuilles,
Les cordes, l’âme et le bois,
Tremblent ainsi que des feuilles.

À force de t’amuser
En caprices trop agiles,
Tu finiras par user
Les pauvres cordes fragiles.

Rompu comme un vieux tremplin,
Déjà le bois perd sa force,
Et sur l’âme qui se plaint
Il se fend comme une écorce.

Un jour, sous un dernier coup,
La merveilleuse machine
Entre tes doigts et ton cou
Laissant craquer son échine,

Dans un tradéridéra
Ou quelque autre galipète
L’instrument éclatera
Comme une bulle qui pète.

Prends garde ! le bois méchant
Entrera dans ta main douce ;
Les cordes en se lâchant
Te cingleront la frimousse.

Alors l’archet, mais en vain,
Regrettera ses folies ;
Car du violon divin
Et des cordes abolies

Il ne te restera plus
Qu’un trait bleu sur ta peau mate,
Des repentirs superflus,
Et puis du sang sur la patte.








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La poésie, c'est les paroles éparses du réel (Octavio Paz)
Gil Def
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