20. L'enjambement, rejet et contre-rejet
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20. L'enjambement, rejet et contre-rejet
VERSIFICATION - ENJAMBEMENT, REJET, CONTRE REJET - |
DEFINITION On parle d'enjambement quand une phrase est répartie entre la fin d'un vers et le début du vers suivant, sans qu'il soit possible de ménager un arrêt entre les deux vers. LES ENJAMBEMENTS EXTERNES - Le rejet externe On parle de rejet lorsqu'un groupe placé à la fin d'un vers se termine par un mot placé au début du vers suivant, ce dernier étant suivi d'un arrêt syntaxique. Exemples "Où les vaisseaux, glissant dans l'or et dans la moire, Ouvrent leurs vastes bras pour embrasser la gloire D'un ciel pur où frémit l'éternelle chaleur." (Charles Baudelaire) "Du haut d'un mont une onde rugissant S'élançait : sous de larges sycomores, Dans ce désert d'un calme menaçant, Roulaient des flots agités et sonores." (René de Chateaubriand) -Le contre-rejet externe On parle de contre-rejet lorsqu'un mot ou un groupe placé à la fin d'un vers est précédé d'un arrêt syntaxique et annonce un groupe placé au début du vers suivant. Exemple "Je dis à cette nuit : Sois plus lente ; / et l'aurore Va dissiper la nuit." (Alphonse de Lamartine) LES ENJAMBEMENTS INTERNES Il s'agit de la répartition d'un groupe au-delà de la césure. - Le rejet interne Exemple "Ainsi, quand je serai // perdu dans la mémoire" (Baudelaire) - Le contre-rejet interne Exemple "Qui me ronge ô la vie //et la mort de mon coeur" (Baudelaire) ETUDE D'UN EXEMPLE LE FLACON de Charles BAUDELAIRE Il est de forts parfums pour qui toute matière Est poreuse. On dirait qu'ils pénètrent le verre. > contre-rejet externe En ouvrant un coffret venu de l'Orient Dont la serrure grince et rechigne en criant, Ou dans une maison déserte quelque armoire > rejet interne Pleine de l'âcre odeur des temps, poudreuse et noire, Parfois on trouve un vieux flacon qui se souvient, > rejet interne D'où jaillit toute vive une âme qui revient. Mille pensers dormaient, chrysalides funèbres, Frémissant doucement dans les lourdes ténèbres, Qui dégagent leur aile et prennent leur essor, Teintés d'azur, glacés de rose, lamés d'or. > rejet interne Voilà le souvenir enivrant qui voltige Dans l'air troublé; les yeux se ferment; le Vertige > rejet externe Saisit l'âme vaincue et la pousse à deux mains > contre-rejet externe Vers un gouffre obscurci de miasmes humains; Il la terrasse au bord d'un gouffre séculaire, Où, Lazare odorant déchirant son suaire, Se meut dans son réveil le cadavre spectral D'un vieil amour ranci, charmant et sépulcral. Ainsi, quand je serai perdu dans la mémoire > rejet interne Des hommes, dans le coin d'une sinistre armoire > rejet externe Quand on m'aura jeté, vieux flacon désolé, Décrépit, poudreux, sale, abject, visqueux, fêlé, Je serai ton cercueil, aimable pestilence! Le témoin de ta force et de ta virulence, Cher poison préparé par les anges! liqueur Qui me ronge, ô la vie et la mort de mon coeur ! > contre-rejet externe, puis contre-rejet interne |
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La poésie, c'est les paroles éparses du réel (Octavio Paz)
Gil Def- Admin
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