COUPS DE COEUR POETIQUES
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
-14%
Le deal à ne pas rater :
Lave-linge hublot HOOVER HWP 10 kg (Induction, 1600 trs/min, Classe ...
299.99 € 349.99 €
Voir le deal

Au jour le jour - René François Sully Prudhomme

Aller en bas

Au jour le jour - René François Sully Prudhomme Empty Au jour le jour - René François Sully Prudhomme

Message  Gil Def Ven 25 Jan - 11:37

Au jour le jour - René François Sully Prudhomme 721364  Au jour le jour - René François Sully Prudhomme 721364  Au jour le jour - René François Sully Prudhomme 721364


AVEC LE TEMPS
THEME GENERAL

Au jour le jour - René François Sully Prudhomme 0_som157





Au jour le jour
"Les vaines tendresses" - 1875
René François Sully Prudhomme


Au jour le jour - René François Sully Prudhomme Au_jou10


à Emmanuel Des Essarts

Quand d'une perte irréparable
On garde au cœur le souvenir,
On est parfois si misérable
Qu'on délibère d'en finir.

La vie extérieure oppresse :
Son mobile et bruyant souci
Fatigue... et dans cette détresse
On murmure : "Que fais-je ici ?

"Libre de fuir tout ce tumulte
Où ma douleur n'a point de part,
Où le train du monde l'insulte,
Pourquoi retarder mon départ ?

"Pourquoi cette illogique attente ?
Les moyens sont prompts et divers,
Pour l'homme que le néant tente,
D'écarter du pied l'univers ! "

Mais l'habitude, lâche et forte,
Demande grâce au désespoir ;
On se condamne et l'on supporte
Un jour de plus sans le vouloir.

Ah ! C'est qu'il faut si peu de chose
Pour faire accepter chaque jour !
L'aube avec un bouton de rose
Nous intéresse à son retour.

La rose éclora tout à l'heure,
Et l'on attend qu'elle ait souri ;
Eclose, on attend qu'elle meure ;
Elle est morte, une autre a fleuri ;

On partait, mais une hirondelle
Descend et glisse au ras du sol,
Et l'œil ne s'est séparé d'elle
Qu'au ciel où s'est perdu son vol ;

On partait, mais tout près s'éveille,
Sous un battement d'éventail,
Un frais zéphire qui conseille
Avec l'espoir un dernier bail ;

On partait, mais le bruit tout proche
D'un marteau fidèle au labeur,
Sonnant comme un mâle reproche,
Fait rougir d'être un déserteur ;

Tout nous convie à ne pas clore
Notre destinée aujourd'hui ;
Le malheur même est doux encore,
Doux à soulager dans autrui :

Une larme veut qu'on demeure
Au moins le temps de l'essuyer ;
Tout ce qui rit, tout ce qui pleure,
Fait retourner le sablier.

Ainsi l'agonie a des trêves :
On ressaisit, au moindre appel,
Le fil ténu des heures brèves
Au seuil du mystère éternel.

On accorde à cette agonie
Que la main n'abrège jamais,
Une lenteur indéfinie
Où les adieux sont des délais ;

Et sans se résigner à vivre
Ni s'en aller avant son tour,
On laisse les moments se suivre,
Et le cœur battre au jour le jour.





Arrow Liste vers les textes de cet auteur








Dernière édition par Gil Def le Jeu 24 Juin - 19:09, édité 16 fois

_________________
La poésie, c'est les paroles éparses du réel (Octavio Paz)
Gil Def
Gil Def
Admin

Masculin
Nombre de messages : 7321
Age : 75
Localisation : Nord de la France
Date d'inscription : 16/11/2007

Revenir en haut Aller en bas

Revenir en haut


 
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum