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A la Font Georges - Théodore de Banville

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Message  Gil Def Dim 27 Jan - 9:13

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L'HOMME ET SON ENVIRONNEMENT
LES MILIEUX NATURELS ET FAMILIERS

A la Font Georges - Théodore de Banville 0_somm56





À la Font-Georges
"Les Stalactites" - 1846
Théodore de Banville


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O champs pleins de silence,
Où mon heureuse enfance
Avait des jours encor
 Tout filés d'or !

O ma vieille Font-Georges,
Vers qui les rouges-gorges
Et le doux rossignol
 Prenaient leur vol !

Maison blanche où la vigne
Tordait en longue ligne
Son feuillage qui boit
 Les pleurs du toit !

O claire source froide,
Qu'ombrageait, vieux et roide,
Un noyer vigoureux
 A moitié creux !

Sources ! fraîches fontaines !
Qui, douces à mes peines,
Frémissiez autrefois
 Rien qu'à ma voix !

Bassin où les laveuses
Chantaient insoucieuses
En battant sur leur banc
 Le linge blanc !

O sorbier centenaire,
Dont trois coups de tonnerre
Avaient laissé tout nu
 Le front chenu !

Tonnelles et coudrettes,
Verdoyantes retraites
De peupliers mouvants
 A tous les vents !

O vignes purpurines,
Dont, le long des collines,
Les ceps accumulés
 Ployaient gonflés ;

Où, l'automne venue,
La Vendange mi-nue
A l'entour du pressoir
 Dansait le soir !

O buissons d'églantines,
Jetant dans les ravines,
Comme un chêne le gland,
 Leur fruit sanglant !

Murmurante oseraie,
Où le ramier s'effraie,
Saule au feuillage bleu,
 Lointains en feu !

Rameaux lourds de cerises !
Moissonneuses surprises
A mi-jambe dans l'eau
 Du clair ruisseau !

Antres, chemins, fontaines,
Acres parfums et plaines,
Ombrages et rochers
 Souvent cherchés !

Ruisseaux ! forêts ! silence !
O mes amours d'enfance !
Mon âme, sans témoins,
 Vous aime moins

Que ce jardin morose
Sans verdure et sans rose
Et ces sombres massifs
 D'antiques ifs,

Et ce chemin de sable,
Où j'eus l'heur ineffable,
Pour la première fois,
 D'ouïr sa voix !

Où rêveuse, l'amie
Doucement obéie,
S'appuyant à mon bras,
 Parlait tout bas,

Pensive et recueillie,
Et d'une fleur cueillie
Brisant le cœur discret
 D'un doigt distrait,

A l'heure où les étoiles
Frissonnant sous leurs voiles
Brodent le ciel changeant
 De fleurs d'argent.




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Dernière édition par Gil Def le Dim 1 Aoû - 8:55, édité 10 fois

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La poésie, c'est les paroles éparses du réel (Octavio Paz)
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