La pluie - Emile Verhaeren
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La pluie - Emile Verhaeren
L'HOMME ET LA NATURE LES PHENOMENES NATURELS |
La pluie "Toute la Flandre" - 1904-1911 Emile Verhaeren Longue comme des fils sans fin, la longue pluie Interminablement, à travers le jour gris, Ligne les carreaux verts avec ses longs fils gris, Infiniment, la pluie, La longue pluie, La pluie. Elle s’effile ainsi, depuis hier soir, Des haillons mous qui pendent, Au ciel maussade et noir. Elle s’étire, patiente et lente, Sur les chemins, depuis hier soir. Sur les chemins et les venelles, Continuelle. Au long des lieues, Qui vont des champs, vers les banlieues, Par les routes interminablement courbées, Passent, peinant, suant, fumant, En un profil d’enterrement, Les attelages, bâches bombées ; Dans les ornières régulières Parallèles si longuement Qu’elles semblent, la nuit, se joindre au firmament, L’eau dégoutte, pendant des heures ; Et les arbres pleurent et les demeures, Mouillés qu’ils sont de longue pluie, Tenacement, indéfinie. Les rivières, à travers leurs digues pourries, Se dégonflent sur les prairies, Où flotte au loin du foin noyé ; Le vent gifle aulnes et noyers ; Sinistrement, dans l’eau jusqu’à mi-corps, De grands bœufs noirs beuglent vers les cieux tors ; Le soir approche, avec ses ombres, Dont les plaines et les taillis s’encombrent, Et c’est toujours la pluie La longue pluie Fine et dense, comme la suie. La longue pluie, La pluie — et ses fils identiques Et ses ongles systématiques Tissent le vêtement, Maille à maille, de dénûment, Pour les maisons et les enclos Des villages gris et vieillots : Linges et chapelets de loques Qui s’effiloquent, Au long de bâtons droits ; Bleus colombiers collés au toit ; Carreaux, avec, sur leur vitre sinistre, Un emplâtre de papier bistre ; Logis dont les gouttières régulières Forment des croix sur des pignons de pierre ; Moulins plantés uniformes et mornes, Sur leur butte, comme des cornes ; Clochers et chapelles voisines, La pluie, La longue pluie, Pendant l’hiver, les assassine. La pluie, La longue pluie, avec ses longs fils gris. Avec ses cheveux d’eau, avec ses rides, La longue pluie Des vieux pays, Éternelle et torpide ! Autres textes du même auteur A la gloire du vent Aprement Asseyons nous tous deux près du chemin Au clos de notre amour, l'été se continue Au passant d'un soir Autour de ma maison Avec le même amour Avec mes vieilles mains Avec mon sens, avec mon coeur C'est la bonne heure C'était en juin, dans le jardin Chaque heure où je songe à ta bonté Cloches Cuisson du pain Décembre (Les hôtes) En hiver Et maintenant que sont tombés Et qu'importent et les pourquois et les raisons Et te donner ne suffit plus, tu te prodigues Heure d'automne L'abreuvoir L'âge est venu L'ancienne foi L'arbre L'aube, l'ombre, le soir, l'espace et les étoiles L'effort L'hospice La cathédrale de Reims La fenaison La ferme La fleur de lin La forêt La grille La joie La mort du fermier La neige La plaine La vie La ville nouvelle Là-bas Le chaland Le cri Le forgeron Le gel Le lierre Le moulin Le ruisseau Le vent Le voyage Les alouettes Les bagnes Les barques d'or d'un bel été Les cierges Les corneilles Les exodes Les giboulées Les gueux Les horloges Les machines Les mendiants Les morts Les pêcheurs à cheval Les pigeons Les plages Les Zeppelins sur Paris Mariage Mourir Plus loin que les gares le soir Soldats morts à la guerre Sur la mer Tout ce qui vit autour de nous Un matin Un toit, là-bas Vanniers Vénus Vers la mer Vieille ferme à la Toussaint Voici quinze ans déjà Vous m'avez dit, tel soir |
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Gil Def- Admin
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