Le plaisir des oiseaux - Anna de Noailles
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Le plaisir des oiseaux - Anna de Noailles
L'HOMME ET LA NATURE LE MONDE ANIMAL |
Le plaisir des oiseaux "Les Eblouissements" - 1907 Anna de Noailles Ô bonheur des oiseaux, leur plaisir à l'aurore ! C'était le calme frais ; gerbe aiguë et sonore, Leur cri vient tout brouiller dans le paisible azur ! Ils frappent d'un bec noir quelque invisible mur ; Une confusion que nul conseil n'arrange Les faits se disputer au milieu des louanges. Ils s'expliquent dans l'ombre humide des buissons. Et puis, soudain, laissant leurs futiles chansons, Étourdis de reflets, de bouquets, de rosée, De rosée azurée à leurs plumes posée, Ils volent, ivres d'air, de conquête, d'amour. Le soleil les séduit comme une jaune tour. Vers quel but enflammé, vers quelle errante cible Vont-ils, ainsi lancés par un arc invisible ? Tous les arbres avec des parfums précieux Sont leurs tapis moelleux et touffus sous les cieux. L'odeur que nous goûtons, quand, couchés sur le sable Nous bénissons les bois d'un regard ineffable, Cette odeur qui nous fait languir, les bras tendus Vers quelque ardent bonheur, sanglotant, éperdu, Cette divine odeur les poursuit, les enlace, Ils se pâment, roulés ensemble dans l’espace ; Comme un frais coquillage st percé d’eau de mer, Leur corps est saturé d’azur, d’arome et d’air. Quelquefois le zéphir les rafle, les opprime, Ils traînent, algue en feu, dans cette onde sublime. Et puis l’oiseau revient, accoste un cerisier, Roule sur le fruit chaud son front extasié, Et l’inconstant divin repart. Pendant des lieues, Il s’élance entre l’arbre et les coupoles bleues, Il ne voit du dolent et perfide univers Que le côté d’azur et que le côté vert. Confondu dans l’espace il est immense et libre. Quelquefois, quand un jour d’été fermente et vibre, Quand l’orage s’annonce, il sent contre son cœur Percer et s’arrondir un ouragan d’odeur, Et s’irritant il pique, en passant à la nage Le sein tendre et fondant du plus jeune feuillage… Autres textes du même auteur Annecy Après l'ondée Automne, ton soleil Bayonne Ce ne sont pas les mots Chaleur Comme le temps est court Constantinople Eloge de la rose Entre les tombeaux et les astres Exaltation Eveil d'une journée Il fera longtemps clair ce soir Il pleut. Le ciel est noir J'écris pour que le jour où je ne serai plus J'espère de mourir Je croyais être Je veux bien respirer… Jeunesse Joviale odeur de la neige L'abondance L'ardeur L'automne L'enchantement de la Sicile L'enfance L'hiver L'Ile des folles à Venise L'innocence L'inquiet désir L'Inspiration L'offrande à la nature La cité natale La jeunesse La journée heureuse La mort de Jaurès La mort dit à l'homme La mort fervente La musique de Chopin La naissance du jour La vie profonde Le baiser Le cri des hirondelles Le jardin et la maison Le pays Le port de Palerme Le soldat Le souvenir des morts Le temps de vivre Le verger Le voyage Le voyage sentimental Les biches Les bords de la Marne Les îles bienheureuses Les journées romaines Les morts Les morts pour la Patrie Les nuits d'été Les plaisirs des jardins Les poètes romantiques Les voyages Matin frémissant Mon âme de peine et de joie Novembre O lumineux matin Ô Mort, vous rendez tout… Paysage du Hainaut Prière au destin Prière du combattant Qu'ai-je à faire de vous ? S'il est quelque autre chose au monde Stances à Victor Hugo Trains en été Tristesse de l'amour Un automne à Venise Un jardin au printemps Un soir à Vérone Un soir en Flandre Verdun Versailles Visite à la cathédrale de Reims |
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