Gil Def Dim 7 Mar - 8:07
LE PARTI PRIS DES CHOSES LECONS DE CHOSES
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La pipe "Les Névroses" - 1883 Maurice Rollinat
Quand l’uniformité m’écœure, Dans la rue ou dans la maison, Que de fois pour nuager l’heure Je savoure ton cher poison !
Ô ma coupe de nicotine, Mon regard jubile en suivant Ta fumée errante et lutine Comme l’onde et comme le vent !
Quel doux philtre dans ces bouffées Que j’aspire par ton cou noir ! Seul avec toi, je vois des fées Dansant au sommet d’un manoir.
Humant ton odeur tabagique Plus subtile que des parfums, Au milieu d’un rêve magique, J’évoque mes amis défunts ;
Et ma spectrale bien-aimée, Avec son regard alarmant, Sur tes spirales de fumée Flotte mystérieusement.
Ton brouillard est l’escarpolette Qui berce mes jours et mes nuits ; Tu chasses comme une amulette Mes cauchemars et mes ennuis.
Et je cuis mon dégoût du monde Dans ton fourneau large et profond : Je trouve l’homme moins immonde En te fumant, l’œil au plafond.
Tu montres à ma fantaisie Qui s’enveloppe d’un linceul, Des horizons de poésie Où le vers s’ébauche tout seul ;
Et pour moi ta saveur bénie, Délicieuse d’âcreté, Conserve en sa monotonie Une éternelle nouveauté !
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La poésie, c'est les paroles éparses du réel (Octavio Paz)