Gil Def Lun 5 Avr - 15:51
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L'enfant amateur d'oiseau "Bouquets et prières" - 1843 Marceline Desbordes-Valmore
L’ENFANT AMATEUR D’OISEAU.
Écoute, oiseau ! je t’aime et je voudrais te prendre, Pour ton bien ! Seul au toît, comment peux-tu chanter ? Moi, quand je suis tout seul, je m’en vais : s’arrêter C’est attendre ou dormir ; et courir, c’est apprendre ; Viens courir ! je t’invite à mon jardin très grand ; Plus grand que cette plaine et qui sent bon les roses : Mon père y va chanter ses rimes et ses proses ; Ma mère y tend son linge et le lave au courant ;
Moi j’y vis en tous sens, comme l’oiseau qui vole ; Je monte aux murs en fleurs, aux fruits plantés pour moi : Viens ! je partagerai les plus beaux avec toi ; Viens ! nous partagerons tout, excepté l’école. Depuis que je t’ai vu pour la première fois, Je ne fais que chanter pour imiter ta voix. Oh ! les hommes devraient chanter au lieu d’écrire ! L’encre et les lourds papiers les empêchent de rire. Oiseau ! tu chanterais pour moi si tu m’aimais : Mais, tu t’en vas toujours, et tu ne viens jamais !
Viens : sois reconnaissant. Je tiendrai ta fontaine De verre toujours fraîche et, sois sûr, toujours pleine. L’école, c’est ma mort : jamais tu n’y viendras. Je serais bien fâché d’y faire aller personne ! Je n’ai jamais sommeil que quand l’école sonne. Toi, sans penser à rien, libre, tu m’attendras Dans ta cage : elle est neuve et solide et cachée Sous la vigne flottante autour de ma maison ; Tu verras le soleil descendre à l’horizon Et tu diras le jour à ma mère couchée.
Tu n’as vu nulle part de nid mieux fait, plus vert ; Plus frais quand on a chaud ; plus chaud quand c’est l’hiver. Tout s’y trouve : on y peut loger un grand ménage D’oiseau. C’est un palais !
L’OISEAU.
Oui, mais c’est une cage : Et pour mes goûts d’oiseau, mon garçon, j’aime mieux Les cieux !
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La poésie, c'est les paroles éparses du réel (Octavio Paz)