COUPS DE COEUR POETIQUES
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.

Le premier rayon de mai - Théophile Gautier

Aller en bas

Le premier rayon de mai - Théophile Gautier Empty Le premier rayon de mai - Théophile Gautier

Message  Gil Def Mar 6 Avr 2021 - 15:55

Le premier rayon de mai - Théophile Gautier 721364  Le premier rayon de mai - Théophile Gautier 721364  Le premier rayon de mai - Théophile Gautier 721364


LES INSTANCES AMOUREUSES

Le premier rayon de mai - Théophile Gautier 0_som110





Le premier rayon de mai
"La comédie de la mort" - 1838
Théophile Gautier


Le premier rayon de mai - Théophile Gautier Le_pre11


Hier j’étais à table avec ma chère belle,
Ses deux pieds sur les miens, assis en face d’elle,
Dans sa petite chambre ; ainsi que dans leur nid
Deux ramiers bienheureux que le bon Dieu bénit.
C’était un bruit charmant de verres de fourchettes,
Comme des becs d’oiseaux, picotant les assiettes ;
De sonores baisers et de propos joyeux.
L’enfant, pour être à l’aise, et régaler mes yeux,
Avait ouvert sa robe et sous la toile fine
On voyait les trésors de sa blanche poitrine ;
Comme les seins d’Isis, aux contours ronds et purs,
Ses beaux seins se dressaient, étincelants et durs.
Et, comme sur des fleurs des abeilles posées,
Sur leurs pointes tremblaient des lumières rosées ;
Un rayon de soleil, le premier du printemps,
Dorait, sur son col brun, de reflets éclatants ;
Quelques cheveux follets, et de mille paillettes
D’un verre de cristal allumant les facettes
Enchâssait un rubis dans la pourpre du vin.
Oh le charmant repas ! oh ! le rayon divin !
Avec un sentiment de joie et de bien-être
Je regardais l’enfant, le verre et la fenêtre ;
L’aubépine de mai me parfumait le cœur,
Et, comme la saison mon âme était en fleur ;
Je me sentais heureux et plein de folle ivresse,
De penser qu’en ce siècle envahi par la presse,
Dans ce Paris bruyant et sale à faire peur,
Sous le règne fumeux des bateaux à vapeur,
Malgré les députés, la Charte et les ministres,
Les hommes du progrès, les cafards et les cuistres,
On n’avait pas encor supprimé le soleil,
Ni dépouillé le vin de son manteau vermeil ;
Que la femme était belle et toujours désirable,
Et qu’on pouvait encor, les coudes sur la table,
Auprès de sa maîtresse, ainsi qu’aux premiers jours,
Célébrer le printemps, le vin et les amours.








_________________
La poésie, c'est les paroles éparses du réel (Octavio Paz)
Gil Def
Gil Def
Admin

Masculin
Nombre de messages : 5711
Age : 74
Localisation : Nord de la France
Date d'inscription : 16/11/2007

Revenir en haut Aller en bas

Revenir en haut


 
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum