Gil Def Ven 9 Avr - 17:27
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La leçon particulière Gil DEF - N° 99 / 05.03.2005
Ce matin là, il se pressait Et au piano, elle chantait La rue était déserte Et la fenêtre ouverte C'était une journée ordinaire Et une leçon particulière Elle ne l'avait jamais vu Il était au coin de la rue Il avait juste vingt ans Elle jouait à contre temps C'était une leçon ordinaire Et une journée particulière
Le blé était en herbe Et le printemps superbe
Quand la porte s'est refermée Le soleil venait d'entrer Des regards se sont croisés Le piano s'est installé Et a joué des notes claires La leçon était particulière Des mains se sont frôlés Un sourire s'est étonné Un parfum s'est envolé Une gamme s'est arrêtée Le métronome a continué Sur des baisers effleurés
Elle était, il était, en prières La leçon était particulière
Ce matin là, il s'envolait Et sa jeunesse s'enivrait Au plaisir de tous les délices Elle a donné tout son amour Sans malices et sans détour Cédant à tous ses caprices Et quand il a voulu parlé De toujours, d'éternité A la façon très particulière Du cinéma d'avant guerre Elle a baillonné ses lèvres Et a rallumé sa fièvre
La leçon était particulière Et le matin extraordinaire
Ce matin là, il est venu Il est reparti dans la rue Elle ne l'a pas retenu Elle a souri à la fenêtre Pour demain peut être Il a disparu au coin de la rue Le piano a pleuré l'inconnu Une partition s'est perdue Demain était sans lendemain C'était une leçon particulière Les lendemains si ordinaires Juste avant que tout soit guerre
Le soleil pouvait bien être superbe On n’en parla plus, on n’en parla plus
Ce matin, je suis revenu Comme c’est vain pour ce qu’on a perdu Je marche comme un inconnu Et le piano ne chante plus La rue n'est pas déserte Les fenêtres sont ouvertes Je n'ai pas de leçon particulière Je ne sais pas jouer de piano Cœur à l’envers, fortissimo Je m’attarde à son souvenir Je la vois en cette leçon particulière Femme pour toute femme à qui plaire
Ô combien Elle était superbe Ô Combien Elle l’était et le restera
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La poésie, c'est les paroles éparses du réel (Octavio Paz)