COUPS DE COEUR POETIQUES
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
-39%
Le deal à ne pas rater :
Pack Home Cinéma Magnat Monitor : Ampli DENON AVR-X2800H, Enceinte ...
1190 € 1950 €
Voir le deal

Amour vrai - Georges Rodenbach

Aller en bas

Amour vrai - Georges Rodenbach Empty Amour vrai - Georges Rodenbach

Message  Gil Def Dim 11 Avr - 14:40

Amour vrai - Georges Rodenbach 721364  Amour vrai - Georges Rodenbach 721364  Amour vrai - Georges Rodenbach 721364


LES INSTANCES AMOUREUSES

Amour vrai - Georges Rodenbach 0_som110





Amour vrai
"Le Foyer et les Champs" - 1877
Georges Rodenbach


Amour vrai - Georges Rodenbach Amour_13


Ce jour sera peut-être un grand jour dans ma vie !

Nous étions en pleins champs. La fleur était ravie
De voir des amoureux marcher sur le chemin,
Côte à côte, à pas lents, et la main dans la main.
Je me taisais : pourtant j’avais tant à lui dire :
Quand je la regardais, ne sachant que sourire,
Et sentant un désir vague de l’embrasser
Si par d’étroits sentiers nous venions à passer.
Elle allait, sautillant à l’ombre des ramures ;
Sa lèvre mince avait l’éclat des fraises mûres,
Son œil noir reluisait comme un charbon ardent,
Et ses cheveux d’ébène, agités par le vent,
Flottaient comme une frange autour de son front pâle.
Sa voix souffrante avait le tremblement du râle,
Car elle pressentait, triste, effeuillant des fleurs,
Qu’un jour il finirait peut-être dans les pleurs

Ce doux rêve d’amour commencé dans le rire !…
Mais l’oiseau blessé dresse, au moment qu’il expire,
Son aile, et rêve encor du nid qu’il veut garnir ;
Elle rouvrait son cœur aux projets d’avenir ;
Une rougeur joyeuse empourprait son visage
Comme un frais arc-en-ciel reluit après l’orage,
Et son regard voilé se plongeait dans le mien
Moi, je la comprenais… et je ne disais rien…

Nous étions dans ce calme où l’amour se recueille,
Timides, arrachant à chaque arbre une feuille,
Mordillant des bleuets et fouettant le gazon,
Regardant, sans rien voir, le bout de l’horizon.

Oh ! tout semblait joyeux ! les branches étaient souples,
Les pigeons blancs de neige étaient groupés par couples,
Le ruisseau bleu jasait en roulant ses cailloux.
Nous avions le désir de tomber à genoux ;
Toujours d’accord, au moins faisant semblant de l’être ;
Nous enlaçant tous deux sur le vieux tronc de hêtre
Suspendu comme un pont au fossé du chemin.

Et je marchais rêvant d’un cortège d’hymen
Près des autels, ayant leur éclat du dimanche,
D’une humble fiancée avec la robe blanche,
Et d’une mère avec des enfants aux genoux.

Et vous, objet du rêve, à quoi donc songiez-vous
Quand nous allions ainsi le long de la prairie ?

Ce jour sera peut-être un grand jour dans ma vie !









_________________
La poésie, c'est les paroles éparses du réel (Octavio Paz)
Gil Def
Gil Def
Admin

Masculin
Nombre de messages : 5711
Age : 74
Localisation : Nord de la France
Date d'inscription : 16/11/2007

Revenir en haut Aller en bas

Revenir en haut


 
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum