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Les trains - Henry Bataille

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Les trains - Henry Bataille Empty Les trains - Henry Bataille

Message  Gil Def Mar 13 Avr - 14:39

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LE PARTI PRIS DES CHOSES
LECONS DE CHOSES

Les trains - Henry Bataille 0_somm59





Les trains
"Le beau voyage" - 1904
Henry Bataille



Les trains - Henry Bataille Les_tr10


Les trains rêvent dans la rosée, au fond des gares…
Ils rêvent des heures, puis grincent et démarrent…
J’aime ces trains mouillés qui passent dans les champs,
Ces longs convois de marchandises bruissant,
Qui pourlapluie ont mis leurs lourds manteaux de bâches,
Ou qui dorment des nuits entières dans les garages…
Et les trains de bestiaux où beuglent mornement
Des bêtes qui se plaignent au village natal…
Tous ces grands wagons gris, hermétiques et clos,
Dont le silence luit sous l’averse automnale,
Avec leurs inscriptions effacées, leurs repos
Infinis, leurs nuits abandonnées, leurs vitres pâles…
Oh ! le balancement des falots dans l’aurore !…
Une machine est là qui susurre et somnole…
Une face se montre et rabaisse le store…
Et la petite gare où tinte une carriole…
Belloy, Sours, Clarigny, Gagnac et la banlieue…
Ohl les wagons éteints où l’on entend des souffles !
La palpitation des lampes au voile bleu…
Le train qu’on croise et qui vous dit qu’il souffre,
Tandis que nous fronçons le sourcil dans nos coins,
Et nous laisse étonnés de son prolongement…
Oh ! dans la halte verte où l’on entend les cailles,
Le son du timbre triste et solitaire !… Et puis
Les voies bloquées avec au loin un sifflet qui tressaille.
Les signaux réguliers dans le dortoir des nuits…
Des appels mystérieux que l’on ne comprend pas…
Et, — oh ! surtout ! — après des bercements sans fin,
Où l’âme s’est donnée comme en une brisure,
L’entrée, retentissante, avec un bruit d’aîrain,
De tout l’effort joyeux et bondissant du train,
Dans les grandes villes pleines de murmures !…
C’est là que vient se casser net le pur rayon
Qui m’a conduit d’un rêve a l’autre par le monde.
Rails infinis, sous le beau clair de lune et les fourgons,
A qui j’ai confié l’amertume profonde
De tous mes chers départs et tant d’enchantements…
J’aime les trains mouillés qui passent dans les champs.






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La poésie, c'est les paroles éparses du réel (Octavio Paz)
Gil Def
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