Gil Def Jeu 22 Avr - 9:09
DE LA CONDITION HUMAINE LE LABEUR DES HOMMES ET DES FEMMES
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Vanniers "Les Villes à pignons" - 1910 Emile Verhaeren
Dès le matin, au seuil des bouges, Sous une tente ouverte à l’air, S’assoient les gais vanniers Mêlant les osiers rouges Aux osiers clairs De leurs paniers.
Les nasses et les clisses, Par lots égaux se répartissent ; On fait toilette nette Aux vannettes et aux bannettes ;
Et de leur tas d’osier tressé Et disposé en pyramides, S’épand la bonne odeur humide Des rivières et des fossés.
Les gais vanniers chantants Fument, de temps en temps, À large lippe, Leur pipe. Et c’est alors qu’entre les doigts, Avec le plus d’adresse et de prestige, Se recourbent les tiges Des osiers droits ; Le panier souple et robuste Vire plus follement au creux de leurs genoux ; Le marteau frappe et tous ses coups Ajustent Une nouvelle couronne de liens Aux couronnes de liens anciens.
Les paniers clairs des ouvriers flamands, Comme une solennelle escorte, Attendent tous, au seuil des portes — Ils sont pareils à des ventres gourmands —
Que les bateaux arrivent Qui les emporteront là-bas, de rive en rive. Un jour, ils partiront pour Formose ou Ceylan, Sans que cède leur dos ou que crève leur flanc. Ils seront fiers et lourds du poids de leurs richesses, Puis ils s’étaleront sur les grands quais vermeils, Avec l’or même du soleil En fusion parmi leurs tresses.
En attendant dès le matin, Sous une tente, au seuil des bouges, Les gais vanniers Mêlent les blancs et serpentins Osiers aux osiers francs et rouges De leurs paniers. Et le brouillard qui se dissipe Et chasse au loin sa brume envenimée Laisse monter la petite fumée Bleue et joyeuse de leurs pipes.
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La poésie, c'est les paroles éparses du réel (Octavio Paz)