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Le chaland - Emile Verhaeren

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Message  Gil Def Jeu 22 Avr 2021 - 14:18

Le chaland - Emile Verhaeren 721364  Le chaland - Emile Verhaeren 721364  Le chaland - Emile Verhaeren 721364


DE LA CONDITION HUMAINE
LE LABEUR DES HOMMES ET DES FEMMES

Le chaland - Emile Verhaeren 0_somm70





Le chaland
"Les Villes à pignons" - 1910
Emile Verhaeren


Le chaland - Emile Verhaeren Le_cha10


Sur l’arrière de son bateau,
Le batelier promène
Sa maison naine
Par les canaux.

Elle est joyeuse, et nette, et lisse,
Et glisse
Tranquillement sur le chemin des eaux.

Cloisons rouges et porte verte,
Et frais et blancs rideaux
Aux fenêtres ouvertes.

Et, sur le pont, une cage d’oiseau
Et deux baquets et un tonneau ;
Et le roquet qui vers les gens aboie,
Et dont l’écho renvoie
La colère vaine vers le bateau.

Le batelier promène
Sa maison naine
Sur les canaux
Qui font le tour de la Hollande,
Et de la Flandre et du Brabant.

Il a touché Dordrecht, Anvers et Gand,
Il a passé par Lierre et par Malines,
Et le voici qui s’en revient des landes
Violettes de la Campine.

Il transporte des cargaisons,
Par tas plus hauts que sa maison :
Sacs de pommes vertes et blondes,
Fèves et pois, choux et raiforts,
Et quelquefois des seigles d’or
Qui arrivent du bout du monde.

Il sait par cœur tous les pays
Que traversent l’Escaut, la Lys,
La Dyle et les Deux Nèthes ;
Il fredonne les petits airs de fête
Et les tatillonnes chansons
Qu’entrechoquent, en un tic-tac de sons,
Les carillons.

Quai du Miroir, quai du Refuge,
À Bruges ;
Quai des Bouchers et quai des Tisserands,
À Gand ;
Quai du Rempart de la Byloque,
Quai aux Sabots et quai aux Loques,
Quai des Carmes et quai des Récollets,
Il vous connaît.

Et Mons, Tournay, Condé et Valenciennes
L’ont vu passer, en se courbant le front,
Sous les arches anciennes
De leurs grands ponts ;
Et la Durme, à Tilrode, et la Dendre, à Termonde,
L’ont vu, la voile au clair, faire sa ronde
De l’un à l’autre bout des horizons.

Oh ! la mobilité des paysages,
Qui tous reflètent leurs visages
Autour de son chaland !
La pipe aux dents,
D’un coup de reins massif et lent,
Il manœuvre son gouvernail oblique ;
Il s’imbibe de pluie, il s’imbibe de vent,
Et son bateau somnambulique
S’en va, le jour, la nuit,
Où son silence le conduit.








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La poésie, c'est les paroles éparses du réel (Octavio Paz)
Gil Def
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