L'agonie - René François Sully Prudhomme
Page 1 sur 1
L'agonie - René François Sully Prudhomme
LA MORT ET LE DEUIL |
L'agonie "Les Solitudes" - 1869 René François Sully Prudhomme Vous qui m'aiderez dans mon agonie, Ne me dites rien ; Faites que j'entende un peu d'harmonie, Et je mourrai bien. La musique apaise, enchante et délie Des choses d'en bas : Bercez ma douleur ; je vous en supplie, Ne lui parlez pas. Je suis las des mots, je suis las d'entendre Ce qui peut mentir ; J'aime mieux les sons qu'au lieu de comprendre Je n'ai qu'à sentir ; Une mélodie où l'âme se plonge Et qui, sans effort, Me fera passer du délire au songe, Du songe à la mort. Vous qui m'aiderez dans mon agonie, Ne me dites rien. Pour allégement un peu d'harmonie Me fera grand bien. Vous irez chercher ma pauvre nourrice Qui mène un troupeau, Et vous lui direz que c'est mon caprice, Au bord du tombeau, D'entendre chanter tout bas, de sa bouche, Un air d'autrefois, Simple et monotone, un doux air qui touche Avec peu de voix. Vous la trouverez : les gens des chaumières Vivent très longtemps, Et je suis d'un monde où l'on ne vit guères Plusieurs fois vingt ans. Vous nous laisserez tous les deux ensemble : Nos cœurs s'uniront ; Elle chantera d'un accent qui tremble, La main sur mon front. Lors elle sera peut-être la seule Qui m'aime toujours, Et je m'en irai dans son chant d'aïeule Vers mes premiers jours, Pour ne pas sentir, à ma dernière heure, Que mon cœur se fend, Pour ne plus penser, pour que l'homme meure Comme est né l'enfant. Vous qui m'aiderez dans mon agonie, Ne me dites rien ; Faites que j'entende un peu d'harmonie, Et je mourrai bien. Autres textes du même auteur A Alfred de Vigny A André Chénier A Jean Aicard A l'Océan A la Grèce A Leconte de Lisle A Marceline Desbordes-Valmore A Rémy Belleau A Ronsard A Théodore de Banville A Théophile Gautier Ah le cours de mes ans Au jour le jour Aux amis inconnus Aux poètes futurs Ce qui dure Cri perdu Eclaircie Immortelle Je me croyais poète L'artiste L'automne L'épée L'escrime L'une d'elles La beauté fait croire La création La mémoire La mer La musique La poésie La Prière La roue La source des vers La terre et l'enfant La Vénus de Milo La vieillesse La violette Le château de Vaux Le cygne Le dernier adieu Le meilleur moment des amours Le premier deuil Le réveil Le seul qui sache Le temps perdu Le vase brisé Les amours terrestres Les berceaux Les oiseaux Midi au village Paysan Première solitude Pluie Prière Science et poésie Sur la mort Un rendez-vous Une larme Victor Hugo |
Dernière édition par Gil Def le Mer 3 Sep - 10:24, édité 9 fois
_________________
La poésie, c'est les paroles éparses du réel (Octavio Paz)
Gil Def- Admin
-
Nombre de messages : 6726
Age : 75
Localisation : Nord de la France
Date d'inscription : 16/11/2007
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum