Gil Def Sam 18 Déc - 14:44
L'HOMME ET LA NATURE LE MONDE ANIMAL
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Les biches "Les Forces éternelles" - 1920 Anna de Noailles
Biches qui rôdez dans le bois, Calmes, perplexes, attentives, Et qui, dans l’instant où j’arrive, Vous dissipez autour de moi
Lentement, mollement, chacune, En cercle autour de mon regard, Comme un nuage au ciel du soir Se défait autour de la lune.
Que j’aime vos airs vaporeux, Et ces grands flocons de silence Qui tombent avec nonchalance De vos pas prudents et peureux !
Douces, et pourtant infidèles, Vous fuyez en tressant vos pieds, Avec des regards effrayés, Comme un oiseau avec ses ailes !
Tendres animaux clandestins Vêtus de bure, Couventines, Qui frémissez dans le matin Comme des cloches en sourdine,
Dans cette suave saison J’entends bien vos songes qui volent. Lorsque les calmes chemins sont Pleins de sentiments sans paroles !
— Ô rêveuse Communauté En oraison dans le feuillage. Immenses papillons d’été. Corps qui ne semblez qu’un sillage.
Vos yeux sont de dolents soupirs Dressés sur la brise amollie ; Mais puisque la mélancolie N’est que le voile du désir.
En quel lieu, dans quelles ténèbres, Le crime enivrant du plaisir, À la fois bachique et funèbre, Vient-il sur vous s’appesantir ?
Quand glissez-vous, furtives, promptes, Voraces aussi, vers celui Dont le cri puissant vous conduit Par delà l’espoir et la honte ?
— Ô biches, dont le noble ennui Dans les bleus matins se promène, Je songe à ces heures des nuits Où vous avez une âme humaine…
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La poésie, c'est les paroles éparses du réel (Octavio Paz)