Gil Def Sam 3 Déc - 8:49
MANIFESTEMENT CHERCHE-MONDE
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Du dehors au dedans Gil DEF. N° 878 / 12.10.2021
Au nombre des années sonnantes et des expériences marquantes Navigation indéterminée, inaboutie dans un océan d’incertitudes Multitude des situations dans le labyrinthe des circonstances en rupture Apostrophes impératives des phénomènes imprévisibles Inconstance et confusion En ce rapport d’avec les intrigues du monde et leurs participants Ne jamais vivre ce qu’on voudrait vivre Les moulins de toujours qui soliloquent En longues fiançailles en processions endeuillées Tous les portraits qui portent aux éphémérides des jours à ne les revoir jamais Quand bien même le cœur gros et innombrable Quand bien même tel parti pris du beau, du juste, Quand bien même hors de tout cadre la quête d’un sens fécond et généreux L'envie d’une estocade pour se rétablir une puissance salvatrice La vie qui n’apprend rien Le temps inexorable à ne savoir qu’en dire, qu’en faire Ainsi vieillir pas davantage instruit qu’un enfant Faut vivre mais ne pouvoir aller bien loin, Ne pouvoir convenir d’une direction de grande espérance Ni adopter, embrasser un quelconque idéal, Du dehors au dedans Tant de questions irrésolues, Tant de fables autant savantes, séduisantes que mensongères et révolues Les trompettes des renommées factices Et pour qui sonne le glas de tout sang Le dedans, A toute fin, mendiant pour toute carrière honnête et signifiante Obstinément, Que pourraient dire les morts aux vivants Les morts d’Auschwitz, les morts d’Hiroshima Les morts qui n’auront jamais de sépulture Les morts, parias, sacrifiés et oubliés de l’histoire Le dedans Quand bien même le bel esprit Ou du perpétuel étudiant qui voit plus que les yeux ne voient Ou du cancre magnifique, pisteur des rébellions solaires ou alchimiques Ou du manifestant de l’ouverture des langages universels Son Etre, comme impossible à définir, à s’en expliquer, Mouvance comme vagues qui portent à l’échouage ou à la brisure Les épitaphes et tombeaux de mal gré De la dépression à la déperdition de l’entendement La souvenance Vaines prières, miroirs brisés, index des absences et des manques Mais aussi oublis et inventions qui n’arrangent rien Rien qui ne dure, qui ne rassure, qui ne soigne nos blessures Pouvoir tout dire mais qu’en est du meilleur et du pire ? Quel est donc notre quotidien sur la planète sinon une défaite Quand il faut se vendre, se lessiver la tête et consentir à son esclavage Quand le droit est sous le fléau de l’argent qu’on a ou n’a pas Quand la perpétuité des drames assaille tout être sensible Le dedans Telle complexité inextricable Triviale poursuite d’un sens à nos humanités De par les marées des contradictions où sombre toute vérité La publicité abrutissante, délirante, perverse des agitations Où se fait la provocation obscène des impostures Et quand la lucidité s’y oppose à se déchirer tout du long Entre amour, bravoure et désamour, désespérance En rouge et en noir Anarchie définitive
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La poésie, c'est les paroles éparses du réel (Octavio Paz)